En matière de thérapeutiques dans les maladies inflammatoires chroniques intestinales (Mici), l’étude la plus attendue de l’UEGW 2023 était Sequence, un essai de phase 3B multicentrique randomisé, en ouvert (évaluation endoscopique centralisée, score CDAI inconnu du praticien), dans la maladie de Crohn (MC). Seules deux études en « face-à-face » avaient été publiées à ce jour dans les Mici : Sony (infliximab versus infliximab-azathioprine) et Varsity (védolizumab versus adalimumab dans la rectocolite hémorragique [RCH]).
Dans Sequence, il s’agissait de challenger un anti-IL12-IL23 inhibant la sous-unité p40, l’ustékinumab, par rapport à un anti-IL-23 sélectif de la sous-unité p19, le risankizumab, en seconde ligne de traitement dans la MC modérée à sévère – où diverses molécules sont en cours d’évaluation (1). En dermatologie, l’avantage a sans conteste été donné à l’IL-23. Cependant, dans le cas de la MC, les résultats des études pivotales ne laissaient rien présager avec certitude.
Risankizumab
Sequence démontre le premier objectif de l’étude, à savoir la non-infériorité à la semaine 24. À la semaine 48, le second objectif principal, à savoir la supériorité du risankizumab sur l’ustékinumab sur le critère de la rémission endoscopique, est aussi atteint, avec un taux de 16,2 % pour l’ustékinumab et le double, soit 31,8 %, pour le risankizumab (des taux de rémission endoscopique dépassant 10 % sont consensuellement jugés comme ayant un impact clinique significatif). Il n’y avait pas de différence en termes d’effets indésirables, sans événement grave ou inattendu. Par conséquent, après un échec des anti-TNF, Sequence pourrait faire changer les pratiques en faveur du risankizumab.
Le risankizumab a aussi été évalué sur des critères d’efficacité et de sécurité en tant que traitement d’induction chez des patients atteints de RCH modérément à sévèrement active dans un vaste essai de phase 3, Inspire, où des doses de 1 200 mg IV aux semaines 0, 4 et 8 se sont révélées supérieures au placebo à la semaine 12 (2). Cela a été constaté à la fois sur la rémission clinique (20,3 % contre 6,2 %) et sur tous les critères cliniques, endoscopiques et histologiques secondaires, mais avec une très faible amélioration chez les patients réfractaires aux traitements biologiques.
Guselkumab
Autre IL-23 sélectif de la sous-unité protéique p19, le guselkumab est un anticorps monoclonal entièrement humain de type immunoglobuline G1 lambda (IgG1λ). Son efficacité a précédemment été démontrée dans la MC (essai Galaxi-1). Dans la RCH modérée à sévère (en échec ou non d’infliximab) cette fois, l’essai de phase 3 contrôlé randomisé en double aveugle contre placebo Quasar montre que 71 % des patients sous guselkumab 200 mg IV présentent une réponse clinique à trois mois, et 49 % atteignent une rémission clinique (3).
À noter : le guselkumab agit de manière rapide, avec 34 % des patients ayant une réponse clinique dès la semaine 2 et 53 % à la semaine 4, tandis que le nombre de répondeurs augmente progressivement, pour atteindre 71 % à la semaine 12. L’élément nouveau, qui reste à creuser, est l’efficacité aussi constatée chez les bio-réfractaires.
Mirikizumab
Dernier anticorps monoclonal neutralisant l’interleukine IL-23p19, le mirikizumab a démontré son efficacité dans la MC modérée à sévère à S52 dans une étude de phase 2, Serenity. Les résultats d’efficacité clinique (CDAI) et symptomatique (PRO) et de tolérance chez les 68 patients répondeurs au traitement d’induction, qui ont donc pu poursuivre l’étude jusqu’à la semaine 104 (300 mg SC toutes les 4 semaines), étaient présentés à l’UEGW (4). Ils confirment l’efficacité prolongée du mirikizumab jusqu’à deux ans. 66,7 % (22 sur 33) des patients ayant suivi le protocole intraveineux puis sous-cutané étaient en rémission clinique (CDAI < 150), comparativement à 61 % (25 sur 41) dans le groupe ayant débuté avec une administration sous-cutanée. La rémission symptomatique a été atteinte dans 63,6 % (21 sur 33) et 46,3 % (19 sur 41) des cas, respectivement. Aucun événement indésirable grave n’a été rapporté.
(1) Peyrin-Biroulet L et al. LB01 (2) Louis E et al. OP021 (3) Lichtenstein GR et al. MP082 (4) Kaser A. MP089
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