Les jeunes filles manquent d'information sur la sexualité et la contraception. « Nous l'avions bien souligné dans un rapport en 2012, mais cela reste largement d'actualité », rapporte la Dr Brigitte Letombe. En pratique, elles recherchent les informations sur internet, dans les magazines et auprès de leurs pairs. Et pour la plupart, elles ne connaissent pas l'existence des centres de planning familial, dont le nombre et les plages horaires restent dans tous les cas limités. Ce constat souligne l'importance de la première consultation gynécologique, moment essentiel pour informer et instaurer une relation de confiance.
Confidentialité et gratuité
Souvent, la jeune fille vient accompagnée par sa mère, classiquement avant les vacances. Si la présence du parent permet de mieux préciser les antécédents familiaux, notamment thrombotiques, le reste de la consultation doit se passer dans le cadre d'un dialogue singulier. « La mère doit être invitée à sortir, même si la jeune fille déclare ne pas être gênée par sa présence », insiste la Dr Letombe. L'occasion de lui expliquer le caractère confidentiel de la consultation et de prendre ses propres numéros de téléphone et adresse mail. Elle doit aussi être informée de la possibilité d'avoir accès à une consultation, une contraception et un bilan biologique de façon anonyme et gratuite.
Il n'est pas nécessaire de faire un examen gynécologique lors de la première consultation, ce qui doit être annoncé d'emblée afin de détendre la jeune fille et la mettre en confiance.
Cette première consultation demande de l'écoute et prend du temps. Le temps d'évaluer les attentes de la jeune fille, de s'intéresser à son équilibre psychologique (familial, scolaire…), de rechercher des éventuelles addictions (tabac, alcool, drogues), des troubles du comportement alimentaire. Il faut aussi savoir repérer des rapports sexuels non consentis, surtout s'ils sont précoces. Il faut bien sûr évaluer ses connaissances sur l'anatomie féminine (éventuellement la rassurer sur la normalité de la vulve, du rôle protecteur des poils pubiens…), lui parler du développement pubertaire, des cycles menstruels, des différents modes de contraception, de la fertilité. « On observe aujourd'hui une certaine phobie de la pilule, dont les bénéfices en dehors de la contraception -sur les dysménorrhées, les règles abondantes, le syndrome prémenstruel et sur les risques de cancers de l’ovaire, de l’endomètre sont à rappeler. Il y a beaucoup de fausses croyances et une contraception est mieux acceptée lorsqu'elle apporte quelque chose de plus », estime la Dr Letombe. Le mode de fonctionnement de la pilule (le choix se porte actuellement en première intention sur celles de deuxième génération) doit être explicité, ses modalités de prise, le délai de 12 heures en cas d'oubli… et bien sûr ses possibles effets secondaires afin qu'elle ne l'arrête pas à la moindre tension mammaire. La contraception d'urgence doit être expliquée, voire prescrite en sachant qu’elle est délivrée sans prescription chez la mineure à la pharmacie.
La place du dispositif intra-utérin chez la jeune nullipare est limitée, car le risque d'IST lié aux changements de partenaires est élevé. Il se discute chez une jeune fille qui le demande, lorsque les cycles sont réguliers, sans douleurs et que la relation sexuelle est stable.
Double protection
Parler contraception c'est aussi parler des infections sexuellement transmissibles (dont l'incidence a été multipliée par 3 entre 2012 et 2016 chez les 15-25 ans), et donc de leur prévention par le préservatif, sans oublier la vaccination contre le papillomavirus, avec un rattrapage possible jusqu'à 19 ans dans le cadre du remboursement. Il est ensuite assez simple de prescrire sur la même ordonnance la pilule, la contraception d'urgence et les préservatifs, dont certains sont désormais remboursés, en notant pour ces derniers « quantité suffisante pour 1 an ».
D’après un entretien avec le Dr Brigitte Letombe, Lille.
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