Définie par une déformation tridimensionnelle du rachis qui survient pendant la croissance, la scoliose est idiopathique dans 80 % des cas chez l’adolescent. « Elle peut sinon s’intégrer dans un cadre malformatif ou syndromique, voire tumoral », rappelle le Dr Jean-François Catanzariti, spécialiste en médecine physique et de réadaptation.
Il s’agit d’un problème fréquent, qui toucherait 2 % des adolescents entre les âges de 10 et 16 ans, avec une nette prédominance féminine (sex ratio 1/8). La scoliose peut être d’origine génétique -un premier gène, POC 5 a été récemment identifié-, et classiquement, on estime que le risque de développer une scoliose est multiplié par un facteur 5 en cas d’antécédent dans la fratrie ou chez les parents.
« Aujourd’hui, la scoliose soufre d’un déficit de dépistage », regrette le Dr Catanzariti. Il n’est plus effectué dans le cadre de la médecine scolaire, désormais réduite à sa plus simple expression, alors qu’il faisait auparavant partie des paramètres examinés systématiquement et annuellement lors des visites au collège. Les médecins traitants ne le font pas toujours, faute de temps, et in fine, la scoliose est diagnostiquée à un stade plus tardif, chez un adolescent qui se plaint de douleurs, voire présente une gibbosité majeure, ou qui est adressé par un professeur de sport bien informé.
« Ceci explique que l’on voit désormais des scolioses beaucoup plus évoluées, avec un angle pouvant atteindre 80 °, dont la prise en charge est naturellement plus longue et complexe », souligne le Dr Catanzariti, qui estime qu’il faudrait développer des outils de dépistage de masse. « En Allemagne par exemple, la topographie de surface, qui est une technique non irradiante, est utilisée à large échelle. En France, elle ne fait pas partie de la nomenclature ».
Maintenir l’activité physique
La prise en charge de la scoliose diffère entre le vieux et le nouveau continent. En Amérique du Nord, les spécialistes prônent l’observation pour un angle jusqu’à 30°, le corset à partir de 30° et la chirurgie au-delà de 50°.
En Europe, la stratégie se fonde sur les recommandations de la SOSORT (International Society on Scoliosis Orthopaedic and Rehabilitation Treatment), dont la dernière mise à jour date de 2016. Elles soulignent l’importance de la rééducation, qui est un traitement efficace sous réserve qu’elle soit réalisée selon des techniques spécifiques. « Dans notre centre, nous utilisons la méthode SEAS (Scientific Exercices Approach to Scoliosis), qui présente l’intérêt d’évoluer avec les avancées des connaissances », indique le Dr Catanzariti. Le recours éventuel au corset, dans les scolioses évolutives, est fait, quand cela est possible, à temps partiel (port extrascolaire par exemple), car mieux accepté socialement et permettant à l’adolescent d’utiliser sa musculature périvertébrale quotidiennement pour automatiser la correction active de sa déformation, apprise lors de séjours de rééducation intensive, de pratiquer une activité physique adaptée, indispensable pour contrer la perte musculaire et améliorer le schéma corporel. « La vie c’est le mouvement et aucun sport n’est contre-indiqué ».
« La scoliose est une maladie évolutive, et lorsqu’en fin de croissance la déformation est de plus de 30 °, elle peut encore augmenter d’un à deux degrés par an à l’âge adulte. Un constat qui nous a conduits à développer des consultations de suivi spécifique de l’adulte scoliotique », conclut le Dr Jean-François Catanzariti.
D’après un entretien avec le Dr Jean-François Catanzariti, Service de médecine physique et de réadaptation, au SSR pédiatrique Marc Sautelet et à la Maison de la Scoliose, Villeneuve d’Ascq, chercheur à la Fondation Cotrel de l’Institut de France.
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