Troubles du sommeil du patient âgé

Avance de phase ou anomalie liée à une pathologie débutante

Publié le 01/12/2014
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Crédit photo : PHANIE

Face à un patient âgé se plaignant de troubles du sommeil, le praticien doit procéder à un interrogatoire minutieux, à la recherche d’éventuelles causes organiques ou psychiques. Les problèmes liés au sommeil peuvent, en effet, être le signe d’une maladie organique débutante (bronchite chronique, pneumopathie, pathologies cardiovasculaires, RGO...).

« Par exemple, un patient qui souffre de troubles cardiaques, avec une insuffisance cardiaque qui s’aggrave, peut consulter pour des insomnies récentes qui seront, en fait, en lien avec une apnée du sommeil. L’insuffisance rénale sévère, engendre également une dégradation de la qualité du sommeil (sommeil agité, apparition ou aggravation du syndrome des jambes sans repos, par exemple). Autre cas particulier : les adénomes utérins accompagnés de saignements importants et réguliers, entraînent une perte de fer et parfois, la survenue du syndrome des jambes sans repos », souligne le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre, spécialiste du sommeil, responsable du Réseau Morphée*.

Les causes psychiques (peur de la solitude, ennui...) et psychiatriques (dépression, angoisse de la mort…) ne doivent pas non plus, être négligées. Ces troubles peuvent être à l’origine d’une déstructuration importante du sommeil : problèmes d’endormissements, réveil accéléré, fatigue inexpliquée, envie de dormir en journée. Certaines maladies liées au sommeil peuvent, par ailleurs, se révéler ou s’aggraver avec l’âge, indépendamment de toute autre maladie : c’est notamment le cas de l’apnée du sommeil et du syndrome des jambes sans repos. « Avec l’âge, la prise de poids est classique. Celle-ci peut entraîner un reflux, des ronflements et une apnée du sommeil, plus ou moins gênante », note le Dr Royant-Parola.

Importance de la lumière du soir

Par ailleurs, chez de nombreux seniors, un phénomène typique est également observé : l’avance de phase. Dans ce cas, le sommeil se décale : l’endormissement survient très tôt le soir vers 21 heures ou 21 heures 30, mais le réveil se produit également très tôt, vers 4 ou 5 heures du matin. La plainte ressemble alors à celle des patients ayant une insomnie avec impossibilité de se rendormir en fin de nuit. « Les patients demandent souvent à ce que des hypnotiques leur soient prescrits. Or, les somnifères n’amélioreront pas leurs nuits. Pire, ils baisseront souvent leur vigilance le lendemain. Ce genre de trouble est fréquent chez les patients âgés ; il n’est pas pathologique. Lorsqu’une personne dort 8 heurs par nuit, il lui est inutile de rester au lit, même si elle se réveille à 4 heures du matin. Certaines astuces peuvent, toutefois, l’aider à retarder l’heure du coucher pour recaler le sommeil : activités dynamisantes et plaisantes en journée, lumière forte le soir... », explique le Dr Royant-Parola.

La mise à la retraite, la solitude, l’inactivité et la somnolence en journée sont aussi des facteurs favorisant un coucher précoce ainsi que le fractionnement du sommeil. « Pour éviter ces troubles, il faut privilégier une bonne hygiène de vie : marcher pendant une heure chaque jour en matinée, si possible, s’exposer tous les jours à la lumière même lorsque le temps est mauvais. La lumière du jour joue, en effet, un rôle primordial dans la régulation du sommeil. Enfin, lorsqu’une pathologie liée au sommeil est diagnostiquée (syndrome des jambes sans repos, apnée du sommeil...) des traitements adaptés, prescrits au cas par cas, peuvent réduire, voire enrayer la gêne engendrée », conclut le Dr Royant-Parola.

*Réseau de santé dédié à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil : http://www.reseau-morphee.fr.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9370