La salle de naissance est le lieu où s'établissent les premiers liens entre l'enfant et sa mère. C'est aussi souvent l'endroit où le nouveau-né rencontre la douleur et l'inconfort pour la première fois : environ 10 % des nouveau-nés nécessitent une prise en charge particulière à la naissance, et 1 % une véritable réanimation.
La Dr Élizabeth Walter-Nicolet (groupe hospitalier Paris-Saint-Joseph) a réalisé en 2016 une étude, Epidroom (Epidemiology of pain in the delivery room), dans trois grosses maternités d'hôpitaux parisiens (de 3 500 à 5 000 accouchements par an) sur l'incidence, la prévention et l'évaluation des gestes douloureux chez le nouveau-né en salle de naissance. Les résultats (en cours de publication) montrent que le nombre de gestes douloureux en maternité est très important, y compris sur des enfants bien portants, que l'analgésie spécifique n'est pas systématique, et que l'évaluation de la douleur n'est pas ou très peu réalisée.
70 % de nourrissons ont subi un geste
Durant les neuf semaines de l'étude, sur les 419 enfants nés, 293, soit 70 %, ont subi au moins un geste douloureux. Sur les 258 nouveau-nés inclus, 374 gestes ont été réalisés, soit en moyenne 1,5 geste par enfant. Une analgésie spécifique était administrée à l'enfant dans seulement 29 % des cas, principalement en succion non nutritive et solution sucrée. Dans seulement six cas, la douleur provoquée par le geste a été mesurée. Les principaux gestes douloureux réalisés étaient les aspirations (prélèvements de liquide gastrique et aspiration pharyngée) et les effractions cutanées (prélèvements veineux et capillaires).
Outre la douleur provoquée, 19 % des nouveau-nés avaient aussi une douleur d'origine organique, liée à un traumatisme périnatal le plus souvent. L'évaluation de la douleur a rarement été effectuée, et une analgésie, par le paracétamol le plus souvent, était administrée sur une impression clinique.
Les réponses au stress provoqué par la douleur peuvent être délétères et perturber l'adaptation à la vie extra-utérine. La douleur qui survient sur un cerveau en développement peut aussi avoir des conséquences à long terme.
« Le traitement, et donc l'évaluation de la douleur du nouveau-né, ne sont pas seulement une obligation éthique. Ils préviennent aussi des complications immédiates et à long terme », a conclu la Dr Walter-Nicolet. L'enfant qui vient au monde devrait être considéré comme un patient à part entière, et la même prise en charge que pour un patient hospitalisé lui être appliquée.
Communication de la Dr Elizabeth Walter-Nicolet (Paris) : « Épidémiologie des gestes douloureux chez le nouveau-né en salle de naissance »
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