BPCO : un objectif d’optimisation et de stabilisation

Par
Publié le 25/04/2025
Article réservé aux abonnés

Nouvelle terminologie de l’approche thérapeutique de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’optimisation vise à limiter au maximum le retentissement de la maladie sur la vie du patient.

Un bilan cardiologique est recommandé chez tous les patients BPCO

Un bilan cardiologique est recommandé chez tous les patients BPCO
Crédit photo : BURGER/PHANIE

« Optimiser et stabiliser un patient BPCO amène tout simplement à repenser les objectifs dans le temps. Cela implique de réévaluer périodiquement le contrôle des symptômes de la maladie, la tolérance à l’effort, la qualité de vie, la survenue d’exacerbations, la fonction respiratoire, les comorbidités du patient », résume le Pr Nicolas Roche (CHU Cochin, Paris).

Un horizon temporel

À court ou moyen terme, la prise en charge vise d’abord à réduire la dyspnée, ce qui viendra améliorer la tolérance à l’effort, et plus globalement la qualité de vie.

Une fois le patient stabilisé, le second objectif est de maintenir le contrôle symptomatique et de réduire le risque de mortalité ou de déclin accéléré de la fonction respiratoire et de la qualité de vie, tout particulièrement en prévenant la survenue d’exacerbations aiguës. Il faut par ailleurs réduire ou freiner autant que possible l’aggravation des éventuelles comorbidités, notamment cardiaques. « Ce à quoi s’ajoute, ne l’oublions pas, le suivi et l’accompagnement du patient et de ses traitements (observance, technique d’utilisation des dispositifs d’inhalation), qui doivent être impérativement réévalués lorsqu’une déstabilisation, une aggravation ou une exacerbation survient », explique le Pr Roche.

Lorsque la situation se déstabilise, il faut aussi chercher les principaux autres facteurs d’aggravation que sont l’environnement (tabac, polluants), les infections respiratoires. « Les comorbidités naissantes peuvent elles aussi jouer un rôle déstabilisant », souligne le Pr Roche.

Nombre de dégradations ont des causes cardiaques ou psychiques

Pr Nicolas Roche

Évaluer au-delà du poumon

« Il faut garder à l’esprit que nombre de dégradations ont des causes extrapulmonaires, en particulier cardiaques et psychiques », souligne le Pr Roche.

Les troubles anxiodépressifs viennent en effet majorer les troubles somatiques ; c’est le cas de la dyspnée, via une hyperventilation induisant une sensation d’étouffement.

Quant aux comorbidités cardiovasculaires, souvent étroitement liées à la maladie, elles peuvent elles aussi précipiter une dégradation. « C’est pourquoi, depuis deux ans, les antécédents cardiovasculaires font partie intégrante du score de risque et un vrai bilan cardiologique, réalisé par un cardiologue, est recommandé chez tout patient BPCO, rappelle le pneumologue. Et, symétriquement, on doit dépister une BPCO chez tout patient atteint d’insuffisance cardiaque. Il faut d’ailleurs penser à faire a minima un BNP lors d’une décompensation. »

Prévenir les infections en vaccinant

Nombre de décompensations étant générées par une infection bronchopulmonaire, il faut autant que possible les prévenir. Ce qui suppose de vacciner les patients contre la grippe et le Covid-19, vérifier qu’un rappel anticoqueluche est à jour et faire ou refaire la vaccination antipneumococcique. Ses indications ont été élargies à tous les sujets de plus de 65 ans, indépendamment de la présence ou non de comorbidités (HAS 2025).

D’après un entretien avec le Pr Nicolas Roche (CHU Cochin, Paris)

Nouvelles thérapies en 2025

• Vaccination antipneumococcique. Le vaccin VPC21 (Capvaxive, MSD et IAVI) a obtenu son AMM européenne le 24 mars 2025, et devrait être intégré au prochain calendrier vaccinal, à paraître en avril. Il a été développé pour les adultes, en une dose unique. Avec 21 valences, il couvre 84 % des pneumocoques responsables de bactériémies en France chez les plus de 65 ans, versus 64 % pour Prevenar 20 (Pfizer), et 81 % de ceux responsables de méningites, contre 56 % pour Prevenar 20 (données 2022 du Centre national de référence des pneumocoques).

• Biothérapies. Le dupilumab (Dupixent, Sanofi) a obtenu en juillet 2024 une nouvelle indication européenne, dans les BPCO à éosinophiles (> 300 cellules/µL) non contrôlées sous corticoïde/Lama/Laba, ou sous Lama/Laba seuls quand les corticoïdes ne peuvent pas être utilisés. Il a montré, dans les études Boreas et Notus, qu’il réduit les exacerbations modérées à très sévères à un an, mais celles-ci ayant été peu nombreuses, la HAS lui a attribué un SMR modéré.

P. S


Source : Le Quotidien du Médecin