Un demi-siècle de combat a été nécessaire pour aboutir au premier contraceptif, en 1956 aux États-Unis, et après 20 ans de combats en France, jusqu'à la libéralisation de la contraception et de l'avortement. Il a suffi d'un procès — fait en 2012 suite à un AVC lié à une pilule de 3e génération — pour mettre à mal toute cette évolution. La couverture médiatique inégalée a été le terreau d'une multitude de controverses. Résultat, « entre informations et désinformations, les femmes sont perdues dans leurs choix, leur sexualité est bousculée, regrette la Dr Betty Rossin-Amar, gynécologue et sexologue à Marseille. C'est aux professionnels de santé, dont l'influence reste forte, de se mobiliser contre les fake news… Sans oublier que prescrire une contraception est un acte médical qui peut avoir des contre-indications et doit respecter l'autonomie des femmes. »
Selon un rapport du CNGOF datant de 2016, 92 % des femmes de 14 à 49 ans ne souhaitant pas de grossesse utilisent des moyens contraceptifs : 38 % de contraception hormonale, 26 % de DIU, 19 % de préservatifs, 5 % de contraception définitive et 5 % de méthodes naturelles — un chiffre vraisemblablement sous-évalué. Alors qu'elle paraissait consensuelle, aussi bien du côté des femmes que des médecins, la « crise de la pilule » a suffi en quelques mois à la remettre en cause, si bien que son utilisation a chuté de 25 % entre 2010 et 2014, et même de 33 à 45 % dans l'étude Fecond de 2016. Cette baisse a concerné aussi les DIU. En miroir, on a constaté une augmentation du nombre d'IVG entre février et avril 2013.
Une balance bénéfices/risques
Le rapport 2013 du comité des médicaments à usage humain (CHMP), rappelle que le rapport bénéfice/risque de la contraception orale est positif : elle diminue la mortalité — en particulier par cancer de l'ovaire et du colon — et n'a pas d'impact sur la fertilité, sauf dans le sens où elle retarde l'âge de concevoir. Elle est responsable d'un risque thromboembolique veineux : de 2 à 5 femmes sur 10 000 chez les femmes en âge de procréer, de 5 à 7/10 000 pour les pilules de deuxième génération et de 6 à 12 pour les trois et quatrièmes générations. Cela reste inférieur au surrisque dû à une grossesse (de 16 à 25 pour 10 000), ou à une fausse couche (60 pour 10 000).
Le risque est majoré les premiers mois de prise, ce qui signifie qu'il faut éviter l'arrêt et la reprise de la contraception orale. Et, bien entendu, respecter les contre-indications, en particulier l'âge, le poids et surtout les antécédents thromboemboliques. « Le risque le plus important, c'est de ne pas prendre de contraception », souligne la gynécologue.
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