LE QUOTIDIEN. Les maisons médicales de garde rencontrent de vraies difficultés pour prendre en charge les soins non programmés. Pourquoi ?
Dr SIMON FILIPPI : Dans les années 2000, les maisons médicales de garde ont été créées non pas pour désengorger les urgences mais pour réorganiser la médecine de ville. Nous voulions mettre fin au dogme de la visite à domicile en proposant à la population un lieu identifié où elle pouvait se rendre. En 2007, la loi encadre leur fonctionnement. Elles sont ouvertes uniquement aux heures de la permanence des soins ambulatoires (PDSA) et assurent une activité de consultation médicale non programmée. Il leur est recommandé de se rapprocher des hôpitaux, voire de s'installer à l'intérieur des hôpitaux. Hélas, l'introduction de la tarification à l'activité n'a pas incité les hôpitaux à réorienter spontanément les patients vers les maisons médicales de garde. Pire, certains établissements ne jouent pas le jeu du tout en créant des circuits courts de prise en charge des soins non programmés !
Quelle est la conséquence ?
Certaines maisons médicales de garde qui se trouvent à l'intérieur des hôpitaux ont peu d'activité, ce qui démotive les praticiens libéraux. Et pour celles qui sont organisées à l'extérieur de l'enceinte de l'hôpital, ce n'est guère mieux… Plusieurs maisons non accompagnées financièrement ont dû fermer leur porte. Aujourd'hui, les MMG ne parviennent plus à se développer et sont souvent en difficulté pour assurer leurs missions.
Comment y remédier ?
Il faut absolument clarifier le rôle de la maison médicale de garde. Pour que cela fonctionne, il faudra une véritable articulation avec l'hôpital. Cela passe par des protocoles de ré-adressage des patients – de la maison médicale de garde vers le service des urgences et inversement. Voilà une organisation innovante.
La question du financement est aussi cruciale. Les maisons médicales de garde sont un maillon dans le parcours du patient, qui doit être reconnu. Or aujourd'hui, elles sont financées soit par le fonds d'intervention régional (FIR), soit par une dotation de l'agence régionale de santé (ARS). Il n’y a aucun budget fléché alors qu'il faudrait définir un modèle de maison médicale de garde adapté au territoire avec un financement dédié.
Faut-il élargir les horaires des maisons médicales de garde ?
Compte tenu de l'évolution sociologique de la population et des médecins, l'ouverture d'une maison médicale de garde sur un même créneau horaire que les cabinets libéraux me semble une démarche de bon sens, à condition qu'elle soit adaptée aux besoins du territoire et à la démographie médicale. Grâce aux horaires élargis, le médecin n’aura pas à chercher un remplaçant pendant son absence.
Autre point : les patients reçus dans une MMG doivent être ré-adressés vers leur médecin traitant. Ainsi, la prise en charge des demandes de soins non programmés en maison médicale de garde peut être considérée – même pendant les heures d’ouverture des cabinets libéraux – comme un service rendu à la population et à la profession médicale.
Serez-vous auditionné par la mission « Mesnier » sur les soins non programmés ?
Ce n'est pas prévu pour l'instant. Il y a pourtant une réflexion globale à mener pour organiser l'articulation entre la ville et l'hôpital afin d'améliorer la prise en charge des demandes non programmées. Les maisons médicales de garde veulent s'inscrire dans cette dynamique et défendre leurs spécificités. Il ne faudrait pas parachuter le même modèle pour tous les territoires !
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