Agendas partagés, pratiques avancées, unités légères : la profession sur le pont

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Publié le 15/02/2018
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La mission Mesnier sur les soins non programmés ne laisse pas la profession de marbre. Tous les syndicats jugent le chantier prioritaire.

Un consensus émerge : hors de question d'envisager des mesures contraignantes comme l'extension subie des honoraires des cabinets libéraux ou le pilotage du dossier par l'administration hospitalière. 

Les syndicats exhortent les confrères à sortir de l'exercice isolé. L'organisation collective est à privilégier par les médecins d'un même secteur pour « anticiper les absents des uns et des autres », analyse la CSMF. Son président Jean-Paul Ortiz y ajoute les outils numériques facilitant l'organisation quotidienne comme les agendas numériques ou « les agendas partagés entre médecins ».

Créneaux 

Pour les médecins qui exercent déjà en groupe (cabinets ou maisons de santé), MG France suggère deux organisations : la mise en place de créneaux horaires spécifiques pour les demandes inopinées ou la création d'unités dédiées aux soins non programmés. « Ces unités sont un dispositif prometteur mais cela suppose des moyens et une formation spécifique à la régulation pour les secrétaires », argumente le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. La télémédecine a toute sa place. « On peut imaginer qu'un médecin se charge uniquement de la réponse par la télémédecine avec des créneaux précis », dit-il.

Le SML privilégie la réorganisation territoriale. Son patron Philippe Vermesch prône la création « d'une unité légère de la permanence des soins de jour ». « C'est en quelque sorte un réseau de médecins libéraux régulé par la médecine libérale. Le ministère de la santé veut supprimer le 116-117, pourquoi ne pas le réutiliser dans ce cadre ? », suggère le stomatologue.

Pas en reste, les jeunes médecins de ReAGJIR (regroupement autonome des généralistes, jeunes installés et remplaçants) mettent l’accent sur le travail pluriprofessionnel et l’éducation du patient. « Peut-être que le médecin n'est pas toujours la première personne que doit voir le patient, mais parfois plutôt l'infirmière », avance le Dr Yannick Schmitt, président de ReAGJIR.

Accompagnement 

Quitte à bousculer, le Dr Luc Duquesnel, chef de file des Généralistes-CSMF, assure qu’en s’organisant autrement « grâce notamment aux pratiques avancées », chaque médecin pourrait prendre en charge 20 % à 30 % de patients en plus « sans avoir à travailler plus ».

Cette restructuration de la médecine de ville ne pourra pas se faire sans soutien financier. « Il faudra des moyens pour le personnel, les locaux et un encouragement pour avoir davantage d'internes, prévient le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. Un maître de stage qui a des internes et un secrétariat peut organiser sans problème la prise en charge des soins non programmés ». CQFD ? 

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin: 9640