Les députés ont adopté ce vendredi soir, dans un hémicycle quasi désert, la réforme du tiers payant généralisé qui hérisse tant la grande majorité des médecins libéraux.
Pendant près d’une heure, sans surprise, les députés de droite présents se sont déchaînés tour à tour contre une mesure jugée « déresponsabilisante », « dogmatique », « démagogique », un « système chronophage pour les médecins » qui va entraîner des « lourdeurs exorbitantes », placer les praticiens « sous le joug des mutuelles », porte ouverte à une médecine « administrée, étatisée ».
Plusieurs élus de droite ont dénoncé l’examen d’une réforme aussi majeure « un vendredi soir », jour d’hommage national aux victimes des attentats, et en plein état d’urgence. « Ce sera la plus grave erreur de cette mandature » a même lancé Gilles Lurton (LR). Un autre député LR, Dominique Tian a évoqué carrément un « hold-up démocratique ». « C’est un cri du cœur que l’opposition vous lance, on ne peut pas réformer contre les professionnels de santé », a tenté le député de la Marne (LR) Arnaud Robinet réclamant en vain un tiers payant facultatif.
Le député Jean-Pierre Door (LR) a pointé de son côté le coût de cette réforme, « 3,5 euros par acte », et le risque d’usine à gaz avec un « magma de 500 à 600 complémentaires ».
« Simple chez le pharmacien, simple chez le médecin », assure Touraine
Marisol Touraine, soutenue dans le débat par la gauche, a déroulé de son côté les arguments mis en avant depuis plus d’un an : la réforme vise à améliorer l’accès aux soins (« il y a des Français qui renoncent aux soins pour des raisons financières »), ce sera aussi une mesure de simplification. « Si c’est simple chez le pharmacien, on peut concevoir que ce sera simple chez le médecin. Mon souhait est que cela devienne un réflexe pour les médecins », a résumé la ministre de la Santé.
Marisol Touraine s’est dite néanmoins « très sensible au malaise global » du corps médical, citant les horaires sans fin, le manque de reconnaissance sociale, la pression des patients. « Je suis aussi la ministre des médecins », a-t-elle revendiqué. Elle a souligné la nécessité de respecter l’indépendance des professionnels assurant que les praticiens ne seraient en aucun cas « inféodés aux complémentaires ».
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