Guide méthodologique à l’appui

La télémédecine est à l’heure du déploiement

Publié le 17/11/2011
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Crédit photo : S TOUBON

Le Quotidien du Médecin - Le ministère de la santé a confié à la DGOS la mission d’élaborer un Programme national de télémédecine. Quel est l’état d’avancement de ce plan stratégique qui est très attendu ?

Annie Podeur : « L’élaboration du Plan stratégique national est en cours et, conformément à ce qui était prévu, il sera présenté au cours du premier trimestre 2012. Mais sans attendre cette échéance, nous avons déjà validé un guide méthodologique pour la construction des programmes régionaux de télémédecine, que les Agences régionales de santé (ARS) devront mettre en œuvre dans le cadre des schémas régionaux d’organisation des soins (SROS), hospitaliers et ambulatoires. Ces programmes régionaux devront avoir un caractère très transversal et s’inscrire dans une logique de décloisonnement des pratiques. Pour les développer, les ARS vont donc pouvoir s’appuyer sur ce guide méthodologique qui leur a été adressé début novembre.

Quels sont les grands objectifs de ce Programme national de télémédecine ?

Le premier objectif est de développer les usages de la télémédecine et de passer d’une logique « pionnière » - avec quelques expérimentations conduites ici ou là - à une logique de déploiement. Et honnêtement, pour l’instant, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Il existe aujourd’hui beaucoup de projets mais leur maturation est souvent lente. Entre l’élaboration d’un projet, sa présentation dans les colloques et sa mise en œuvre réelle, il s’écoule souvent plusieurs années. Le deuxième objectif est de s’assurer que les modèles de développement soient techniquement et économiquement solides. En ce moment, nous travaillons avec l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (Asip-Santé) pour bâtir des pré-requis qui donneront une assise technique aux projets. En effet, chaque porteur de projet, dans son coin, ne peut pas développer une application de télémédecine en faisant fi des standards d’interopérabilité qui s’imposent désormais à tous les systèmes d’information en santé. Un troisième objectif est de capitaliser et de valoriser les projets existants : pour y parvenir, nous allons proposer des revues de projets afin que les choses avancent à un rythme accéléré. L’objectif final sera de donner une plus grande visibilité à tous ces projets.

Comme l’a rappelé Nora Berra, le 20 octobre, lors de l’ouverture de la journée scientifique sur les innovations technologiques en télésanté à l’Assemblée nationale, une des premières missions de la DGOS a été de définir des chantiers prioritaires qui seront mis en œuvre dans le cadre du plan stratégique. Quels sont ces chantiers prioritaires ?

Ces priorités sont au nombre de cinq : la permanence des soins en imagerie, la prise en charge des AVC, la prise en charge sanitaire des personnes détenues, l’organisation des soins dans les structures médico-sociales ou en HAD et la prise en charge des maladies chroniques. S’agissant de ce dernier chantier, nous en sommes encore à ses prémices : néanmoins, il est de nature à intéresser les médecins de premier recours et à s’inscrire dans la problématique de la continuité des soins, qui sera au cœur des Journées européennes de l’Antel. Pour de nombreuses pathologies chroniques (insuffisance cardiaque, HTA…), la télémédecine doit permettre un suivi des patients à leur domicile, avec une transmission directe des informations au médecin spécialiste et au généraliste de premier recours. Dans ce cas, la télémédecine doit être un outil de continuité des soins, mais aussi d’optimisation des prises en charge.

Le programme Hôpital numérique, lancé par la DGOS, doit permettre aux établissements publics de santé d’améliorer leur système d’information. Ce programme favorisera t-il la continuité des soins entre la ville et l’hôpital ?

Oui, tout à fait. Ce programme est avant tout centré sur la prise en charge des patients. Le dossier patient doit être le socle, le point fort, le réceptacle de l’ensemble des informations qui ont trait au parcours de soins. Ce dossier patient informatisé, inter-opérable et géré dans un établissement de santé, a vocation à être déversé dans le DMP accessible aux généralistes. En outre, le dossier patient permettra, via la messagerie sécurisée, d’envoyer directement les comptes-rendus des examens et des séjours hospitaliers, cela pour favoriser un suivi optimal des patients.

La pratique de la médecine de premier recours à besoin de s’appuyer sur des spécialistes libéraux ou hospitaliers. Pensez-vous que la télémédecine entre les structures de premiers recours (Maisons de santé pluri-professionnelles, Pôle de santé) et l’hôpital puisse aider la pratique professionnelle des médecins de premier recours ?

Sans aucun doute. Ces structures coordonnées auront sans doute davantage de moyens de développer le recours à la télémédecine que les médecins qui exercent de manière isolée. Mais il est important de rappeler que tous les médecins de premier recours ont vocation à s’inscrire dans des prises en charge de télémédecine, notamment via la e-éducation thérapeutique. Aussi, le message sur lequel je souhaite insister concerne la nécessaire acculturation des professionnels de santé vis-à-vis de la télémédecine. Aujourd’hui, les blocages dans ce domaine ne sont plus forcément techniques ou financiers. Ils résident également dans le fait qu’une partie des professionnels n’a pas encore pris conscience de l’évolution majeure que va constituer la mise en place de ces nouveaux modes de prise en charge. Cette acculturation concerne tout aussi bien les patients et notre mission sera, là encore, de conduire un large travail d’explication auprès de leurs associations ».

Recueilli par Antoine DALAT


Source : Le Quotidien du Médecin: 9043