Un accord nécessaire pour le paiement des actes

Les rythmologues au bord de la tachycardie

Publié le 17/11/2011
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Le télésuivi des patients porteurs d’un dispositif médical cardiologique implantable est au point mais le moral des rythmologues est en berne. Comment le poursuivre en l’absence de cadre juridique et de codification des actes ? « J’exerce ce suivi par passion mais cette situation me préoccupe. J’ai trop de patients à surveiller et je le fais à titre volontaire en plus de mon travail quotidien » constate le Dr Franck Halimi (*) impliqué depuis dix ans dans la surveillance à distance des troubles du rythme. « Et pourtant, je suis un fervent défenseur de cette médecine d’avenir ! ». Actuellement, on dispose de trois types de dispositifs médicaux implantables. Les défibrillateurs automatiques, les pacemakers et les moniteurs sous-cutanés qui permettent d’enregistrer le rythme cardiaque et qui à l’avenir transmettront toutes sortes de données électriques ou biologiques. Il y a trois types de suivi : la visite à échéance qui peut se substituer à une visite régulière au cabinet, la gestion des alertes avec par exemple la transmission de tracés endocavitaires au décours immédiat d’un choc délivré par un défibrillateur implantable et le monitorage continu qui n’est pas raisonnablement envisageable à ce jour. Pour les visites à échéance, les données sont transmises la nuit à un serveur par l’intermédiaire d’un boîtier placé sur la table de nuit du patient. Le médecin a accès à ces informations en se connectant sur un site web sécurisé. Ce télésuivi est fiable et tout le monde y trouve son compte. Cela est plus confortable pour les patients qui sont bien surveillés tout en consultant moins souvent ce qui est appréciable pour les personnes âgées. Cela économise les coûts de transports et désengorge les consultations pour un suivi qui ne prend que quelques minutes. « Mais cela ne suffit pas » explique ce spécialiste « il reste à mettre en place une organisation générale ». Les données doivent-elles converger vers un centre d’appel unique national ou régional ou être transmises à chaque département de rythmologie dans la mesure où il aura reçu une certification par la CNIL ? Qui reçoit les informations ? Si ce n’est pas un médecin, quel est le cadre juridique pour autoriser une délégation de tâches ? Qui est responsable de l’exploitation des données médicales ? Comment rémunérer tous ces intervenants ?

Le terrain est un peu défriché par un consensus d’experts européens et américains qui ont édicté des recommandations mais elles ne sont pas reconnues en France comme des guides de bonne pratique. La faisabilité de la réception des données vers une unité centralisée fait actuellement l’objet d’une étude de soins courants en France. C’est l’étude Carelink* réalisée en partenariat avec la société Medtronic* et dont la Générale de Santé est le promoteur. Elle a inclus 136 patients porteurs d’un défibrillateur implantable en prévention primaire et secondaire. Ils sont répartis sur cinq centres et la durée du suivi est de 18 mois. Les premiers résultats sont présentés aujourd’hui au Congrès de l’ANTEL 2011. « Les rythmologues continuent d’œuvrer pour améliorer ce suivi d’avenir. Reste à ne pas les décourager et reconnaître financièrement leur travail ! » conclut Franck Halimi.

(*) D’après un entretien avec le Dr Franck Halimi, CMC Parly 2, Le Chesnay

Dr MARIE-LAURE DIEGO-BOISSONNET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9043