Au Quebec, plus de pouvoir aux pharmaciens

Publié le 10/10/2019
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Après les infirmières, le Québec a décidé d'accroître les prérogatives des pharmaciens. Il s'agit de la deuxième étape du plan de la ministre de la santé, Danielle McCann, pour faciliter l'accès aux soins.

Vacciner, prescrire, diagnostiquer… Dès cet automne, le quotidien des pharmaciens du Québec va changer. Le gouvernement de la Belle Province a décidé d'élargir leurs pouvoirs, afin « de faciliter l'accès aux soins » à tous les Québécois. Concrètement, les pharmaciens vont pouvoir « prescrire et administrer des vaccins aux personnes âgées de plus de six ans ». Ils gagneront aussi une certaine marge de manœuvre dans la prescription de médicaments en vente libre pour qu’ils soient directement remboursés par l'assurance-maladie et ainsi éviter aux patients d'avancer les frais. Ils pourront ajuster ou prolonger une ordonnance, mais aussi « cesser une thérapie médicamenteuse, prescrire et interpréter des analyses de laboratoire par exemple, entamer un diagnostic », énumère Bertrand Bolduc. Le président de l'ordre des pharmaciens du Québec tient à préciser : « Mettons-nous d'accord : on ne remplace pas le médecin, on le soulage ou on le complète ! »

« On rattrape juste notre retard »

Au Canada, la santé est un domaine délégué aux provinces qui décident de l'organisation de leur système de soins. Le Québec était jusqu'à présent la seule des dix provinces à ne pas avoir revu les domaines de compétences des pharmacies. Or, la région doit faire face à une importante pénurie de médecins. « Nous étions les derniers à ne pas pouvoir vacciner ni même prendre la tension des clients, regrette le président de l'association québécoise des pharmaciens propriétaires Jean Thiffault. On rattrape juste notre retard. Au final, ce sont de nombreux actes qui peuvent grandement améliorer la vie des Québécois. »

Sur l'ensemble du territoire québécois, où le consensus est souvent de mise, ce changement ne souffre guère de critique. « Les nouvelles responsabilités des pharmaciens s'inscrivent dans l'évolution des pratiques interprofessionnelles, explique le Dr Mauril Gaudreault, président du Collège des médecins du Québec. C'est notamment vrai pour la vaccination. C'est une avancée qui va faciliter l'accès aux soins de santé des citoyens. » Un médecin exerçant dans la ville de Laval partage en partie cette opinion : « Ici, il n'y a pas un médecin qui n'est pas débordé ! Il est évident que certains actes peuvent être délégués. Mais cette réforme aura-t-elle de vrais effets sur la vie des Québécois ? Il faut aussi rester vigilant et bien encadrer ces changements car petit à petit, on a le sentiment qu'on limite notre champ d'action. »

Pour limiter les réticences du corps médical, le gouvernement de Québec envisagerait de revoir prochainement le mode de rémunération des médecins pour qu'ils reçoivent une somme fixée au prorata du nombre de patients, sur le modèle du paiement à la capitation. Une mesure qui, selon l'exécutif, les inciterait à déléguer plus de soins aux autres professionnels de santé.

 

 

 

De notre correspondante  Agathe Beaudouin

Source : Le Quotidien du médecin