COMMENT RÉGLER le problème de l’engorgement des urgences ? Faut-il redéfinir les missions des unités d’hospitalisation de courte durée (UHCD) ? Ces deux questions se posent aujourd’hui de manière récurrente dans bon nombre de sites hospitaliers. « Depuis des années, nos tutelles et les médias se focalisent beaucoup sur les moyens d’accueil des services d’urgences. Mais le problème central se situe surtout au niveau de l’aval et de l’orientation des patients dans le reste de l’hôpital », explique le Pr Dominique Pateron, chef du pôle « aval et urgences », et responsable du service d’urgences de l’hôpital Saint-Antoine à Paris.
Le Pr Pateron rappelle que, selon les décrets de 2006, un service d’urgence est constitué de trois entités : une unité d’accueil et d’examen des patients, une zone de déchocage et de prise en charge des urgences vitales et une UHCD. « L’unité d’hospitalisation de courte durée fait donc partie intégrante des urgences et ses missions sont bien définies. Elle a d’abord vocation à assurer une surveillance courte des patients avant un retour à domicile. Elle peut aussi être une zone d’attente pour des patients ayant besoin d’être réorientés vers d’autres lits hospitaliers. En tout état de cause, en théorie, les patients ne doivent pas y séjourner au-delà de 24 heures ».
Le Pr Pateron reconnaît qu’à certaines périodes de l’année, bon nombre d’UHCD se retrouvent pleines, sans possibilité d’orienter les patients. « Le service d’accueil des urgences (SAU) est alors débordé avec des patients hospitalisés dans les couloirs. Ces moments critiques se produisent en général en plein hiver lors de la période des épidémies et durant l’été, quand de nombreux lits sont fermés dans l’hôpital », souligne le Pr Pateron.
Par ailleurs, dans certains sites, les responsables des urgences se trouvent aussi confrontés à un problème de tarification des séjours. « Sans remettre en cause la T2A, il y a parfois un problème de répartition entre ce qui revient au service d’urgence et ce qui concerne le reste du parcours du patient dans l’hôpital. Certains établissements défavorisent les unités d’hospitalisation de courte durée (UHCD) en ne comptant que les actes et pas la durée du séjour. Dans d’autres, la tarification se fait au prorata du temps passé par le patient au sein de l’UHCD ».
Le Pr Pateron reconnaît qu’il n’existe pas de solution miracle pour fluidifier l’aval et permettre une orientation des patients de l’UHCD. Et c’est avec une certaine prudence qu’il accueille la récente annonce de la Ministre Marisol Touraine sur la création de gestionnaires de lits. « C’est une idée qui est intéressante mais reste à savoir le poids exact qu’auront ces gestionnaires de lits au sein de l’hôpital pour faire bouger les choses au niveau de l’aval. Car, encore une fois, il faudrait que tout le monde comprenne que si un patient reste plus de 24 heures dans une UHCD, ce n’est pas le problème des urgences. C’est un dysfonctionnement de l’hôpital dans son ensemble. La priorité, pour moi, n’est donc pas de modifier les missions des UHCD mais bien d’engager les hôpitaux dans une réflexion permettant un fonctionnement plus efficace de l’aval ».
Entretien avec le Pr Dominique Pateron, chef du pôle « aval et urgences » et responsable du service d’urgence de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, ancien président de la Société français de médecine d’urgence.
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