Médecin de premier recours, actuellement le généraliste n’est pas, pour autant, le pivot de la prise en charge des patients atteints de cancer.
Les raisons sont multiples. La complexité des traitements n’est pas toujours très accessible pour les médecins généralistes. « Beaucoup avouent en effet qu’ils ont du mal à s’y retrouver parmi la centaine de molécules disponibles dans le domaine du cancer. Inquiets du risque d’interaction médicamenteuse, les généralistes ont tendance à orienter d’emblée le patient vers le cancérologue », explique le Pr Gilles Freyer, directeur de l’Institut de cancérologie des hospices civils de Lyon.
Virage ambulatoire partiel
Dans ces conditions, le cancérologue multi-organe devient parfois l’interlocuteur privilégié du patient et tend à prendre en charge le cancer mais aussi, toutes les éventuelles pathologies annexes. « Je regrette que le généraliste n’ait pas, aujourd’hui, un rôle plus important dans la prise en charge du cancer. Le quotidien du médecin traitant est, de plus en plus, exigeant et difficile. Par ailleurs, dans notre structure hospitalière, comme dans beaucoup d’autres, il faut améliorer la communication avec la ville pour donner aux généralistes davantage de moyens de prendre en charge les patients atteints de cancer », ajoute le Pr Freyer.
Alors que de nombreux spécialistes du cancer mettent en avant le virage ambulatoire de la prise en charge du cancer, dans les faits, ce virage reste partiel. « Avec l’allongement de la durée de vie, les patients métastatiques sont souvent amenés à être réhospitalisés. Par ailleurs, avec la T2A, les établissements hospitaliers sont encouragés à réaliser de nombreux actes alors qu’ils pourraient les déléguer davantage à la ville », affirme le Pr Freyer.
Communiquer et former
Pour que les médecins de ville puissent occuper une place plus importante dans le parcours de soins des patients, les HCL ont mis en place, en juin dernier, une « hotline cancer » qui permet aux généralistes et aux spécialistes libéraux de joindre rapidement un oncologue de l’Institut. Cette hotline fonctionne de façon continue, sans pause : « Nous nous engageons à répondre dans les 12 heures suivant l’appel et à proposer un rendez-vous dans les 48 heures. Cette initiative est très appréciée des médecins généralistes qui répondent à toutes leurs questions. Nous avons également mis en place, une formation dédiée aux généralistes pour les aider à démythifier la prise en charge du patient. Par exemple, en leur montrant que les interactions médicamenteuses tant redoutées ne sont pas difficiles à connaître. Cette formation met, également, en valeur leur rôle primordial en matière de dépistage du cancer, par le biais de l’examen clinique », conclut le Pr Freyer.
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