Cancer du poumon

Féminin et non tabagique

Publié le 06/03/2014
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Alors que la mortalité liée au cancer du poumon se stabilise chez l’homme, elle est en constante augmentation chez la femme, ce qui n’est pas une surprise.

Les femmes fumant de plus en plus et de plus en plus tôt depuis les années 1970 : 14 000 des 73 000 décès (toutes causes, y compris la « cigarettose », la bien-nommée broncho-pneumopathie chronique obstructive) attribuables au tabac par an en France sont féminins, contre 4 000 il y a 10 ans… En 2012, 28 200 hommes ont développé un cancer broncho-pulmonaire, contre 11 300 femmes ; la mortalité féminine par cancer du poumon s’élève désormais à 9 000 décès par an (11 800 pour le cancer du sein).

Femmes et cancer

Or les femmes ne sont pas les égales des hommes sur ce terrain aussi… À tabagisme équivalent, elles sont manifestement plus sensibles à une cancérisation, parce qu’elles activent moins leurs mécanismes de défense et de détoxification vis-à-vis du tabac, sans doute également en raison des interactions entre les voies de signalisation des cellules cancéreuses et l’exposition aux hormones (imprégnation hormonale naturelle, pilule contraceptive et/ou traitement hormonal de la ménopause).

Il pourrait d’ailleurs être envisagé des stratégies de traitements différentes (ce qui n’est pas le cas actuellement), tenant compte des anomalies moléculaires « spécifiquement féminines » (davantage de mutations de l’EGFR, de HER2 ou de BRAF, moins de KRAS muté) et des phénomènes hormonaux avec des thérapies associant anti-EGFR et inhibiteur des hormones (essai IFCT-LADIE 1003). Indépendamment de l’âge, du stade, de l’histologie et des modalités thérapeutiques, le pronostic est toutefois meilleur, avec une survie supérieure à celle des hommes, y compris pour les patientes les plus âgées en l’absence de traitement… Les femmes semblent répondre davantage à la chimiothérapie, survivre plus longtemps sans que l’on sache encore si elles sont plus chimiosensibles ou dotées d’un profil de comorbidités plus favorable.

Maladie professionnelle

Mais tous les cancers broncho-pulmonaires ne sont pas liés au tabac : 7 à 10 % des nouveaux cas selon les régions touchent des non-fumeurs, fumeurs passifs (qui voient leur risque augmenté de 30 %) ou patients exposés à d’autres contaminants. Et là encore, l’amiante ne doit pas occulter les autres expositions professionnelles, comme les carbures frittés, l’ardoise, le nickel, etc. « Autre piège dont il convient de se garder, prévient le Dr Jean-Pierre Grignet, chef du service de pneumologie du Centre Hospitalier de Denain, nier ou oublier d’évoquer la maladie professionnelle au motif que cohabite une intoxication tabagique ». Le doute devrait donc bénéficier au patient d’autant que l’on connaît l’effet multiplicateur d’expositions multiples. Ainsi, si un sujet non exposé à l’amiante et non fumeur présente un risque de cancer de 1, celui d’un sujet non exposé et fumeur s’élève à 11, celui d’un sujet exposé non fumeur à 5-6 et celui d’un sujet exposé et fumeur culmine à 56.

* www.pneumologie-developpement.com

Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du Médecin: 9307