En France, la prévalence de l’infection à Helicobacter pylori est estimée de 20 à 50 % chez les adultes. Elle est responsable d’ulcères gastroduodénaux, de gastrique chronique, et de cancers gastriques. C’est la première bactérie à être impliquée dans le développement d’un cancer.
L’application en soins primaires des recommandations nationales et internationales d’éradication d'H. pylori semble insuffisante dans le dépistage. Leur pertinence est discutable, en raison de la faible participation d’experts de médecine générale aux groupes de travail et de rédaction, notamment en France (cela est en train de changer maintenant).
Une revue de la littérature (1) respectant les standards Prisma a été réalisée par la Dr Julie Spettel-Speller. Les résultats ont été présentés à un groupe composé de sept médecins dont quatre généralistes, un hépatogastro-entérologue, un biologiste et un interniste, ce qui a permis de réaliser la méthode du groupe nominal.
Les participants à ce groupe ont recommandé qu’il n’y ait pas de dépistage non invasif dans les cas suivants : patients asymptomatiques, après 55 ans (gastroscopie en première intention) et après échec de deux lignes de traitement bien conduites (gastroscopie avec biopsies en première intention pour rechercher les résistances d'H. pylori aux antibiotiques).
Le test respiratoire à l’urée (TRU) restait le plus approprié. La recherche d’antigènes dans les selles ne devant être choisie qu’en cas de difficultés de réalisation de celui-ci. En respectant les conditions d’emploi des tests (arrêt des antibiotiques au moins 4 semaines avant et des IPP deux semaines avant••), les indications retenues étaient les suivantes :
• contrôle d’éradication d'H. pylori ;
• avant prescription d’AINS ou d’aspirine à faible dose au long cours ;
• antécédent familial au premier degré de cancer gastrique chez une personne de plus de 50 ans asymptomatique ;
• récidive de symptomatologie ulcéreuse chez un patient sans signe d’alarme ayant reçu un traitement d’éradication d'H. pylori pour un ulcère gastroduodénal ;
• carence martiale chez un sujet jeune et anémie par carence martiale chez la personne âgée ;
• patient traité par IPP au long cours (dans l’objectif d’un sevrage après éradication d' H. pylori) ;
• dyspepsie persistante à six mois de traitement symptomatique ;
• patient avec épigastralgies ou dyspepsie non explorées sans signe d’alarme (anémie, âge élevé, altération de l’état général).
Le sevrage d’un traitement par IPP au long cours était jugé comme très pertinent tant pour diminuer l’ordonnance du patient et les interactions médicamenteuses que pour diminuer le risque d’atrophie gastrique et donc de cancer.
En conclusion, ces recommandations jugées applicables en soins primaires sont voisines des recommandations nationales ou internationales, mais organisées de manière différente.
D’après la communication du Pr Paolo di Patrizio (Dombasle-sur-Meurthe)
(1) Pubmed, Cochrane library, banque de données en santé publique
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