Les antidiabétiques de la classe des SGLT2 (inhibiteurs du co-transporteur sodium-glucose de type 2) ont démontré leurs bénéfices sur la prévention de l’IC chez les sujets diabétiques de type 2. Ces bénéfices s’exercent-ils aussi en cas d’IC patente ? Et, compte tenu de leur mécanisme possiblement indépendant de leur action sur le glucose, peuvent-ils aussi concerner les insuffisants cardiaques non diabétiques ?
C’est pour répondre à ces questions qu’a été mis en place l’essai DAPA-HF (Dapagliflozine in patients with heart failure and reduced ejection fraction), étude multicentrique internationale qui a inclus quelques 4700 patients dans 410 centres de 20 pays européens, d’Amérique du Nord et du Sud. Parmi les critères d’inclusion majeurs : une IC symptomatique avec réduction de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG ≤ 40 %) et une élévation du NT-proBNP. Etaient exclus les patients avec une insuffisance rénale sévère (DFG < 30 ml/mn/1,73 m2), une hypotension artérielle ou un diabète de type 1. Les sujets ont été randomisés pour recevoir un placebo ou de la dapagliflozine (10 mg/jour). Le critère principal d’évaluation était une aggravation de l’IC (définie par une hospitalisation non planifiée ou une consultation en urgence nécessitant un traitement intraveineux) ou un décès cardiovasculaire.
Un bénéfice même chez les non diabétiques
Au terme du suivi, le critère principal a été réduit de 26% chez les patients traités par dapagliflozine (OR = 0,74, IC 95 % 0,65-0,85, p = 0,0001) comparativement à ceux ayant reçu un placebo. Les aggravations de l’IC ont été diminuées de 30 %, les décès cardiovasculaires de 18 % et la mortalité totale de 17 %. Ces bénéfices ont été rapportés dans tous les sous-groupes préspécifiés (sexe, âge, origine géographique, classe NYHA, FEVG, IMC, troubles du rythme ou non…). Mais le résultat le plus frappant est qu'ils s’observent chez les diabétiques de type 2 comme chez les non diabétiques. Le traitement par dapagliflozine s’est également accompagné d’une amélioration significative du score symptomatique KCCQ (Kansas city cardiomyopathy questionnaire) , qui faisait partie des critères secondaires d’évaluation. Il n’a pas eu d’impact délétère sur la fonction rénale et s’est montré globalement bien toléré (notamment pas de différence avec le placebo sur le risque d’acidocétose ou d’amputation).
Pour le Pr John Macmurray, l’un des principaux investigateurs de cet essai, la dapagliflozine représente désormais une nouvelle approche thérapeutique de l’IC à fraction d’éjection réduite.
D’après la communication du Pr John Macmurray, Glasgow, Royaume-Uni, session Hotline 1.
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