Ischémie intestinale

Les enjeux de la prise en charge

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Publié le 22/03/2018
douleurs abdominales

douleurs abdominales
Crédit photo : Phanie

« Une douleur abdominale intense, inhabituelle, sans répit, nécessitant de la morphine, discordante avec un ventre souple doit faire évoquer l’ischémie intestinale (même chez le jeune, même hors facteur de risque cardiovasculaire connu, même si les lactates sont normaux) et pratiquer un angioscanner (sans injection, avec temps artériel et temps portal) », rappelle le Pr Corcos. La description de cette forme précoce d’ischémie intestinale aiguë a fait apparaître dans le champ lexical le terme de guérison.

En deux ans, SURVI a accueilli 400 malades, la moitié pour ischémie aiguë, les autres pour ischémie chronique ou maladies vasculaires intestinales sans ischémie. « Les résultats de l’étude pilote sur 18 patients en ischémie aiguë (résection 39 %, mortalité 11 %) se confirment en vie réelle avec, pour 200 patients en ischémie aiguë, 17 % de mortalité et 30 % de résections. À peine 13 % des patients ont un grêle court nécessitant une nutrition parentérale », souligne le spécialiste. Les cas sont discutés en réunion de concertation pluridisciplinaire dédiée.

Les capacités d’accueil de la structure SURVI vont doubler (de 4 à 8 lits de soins intensifs dédiés) après un arbitrage de l’APHP. SURVI a acquis un dispositif diagnostique innovant de mesure endoscopique de la saturation en oxygène de la muqueuse intestinale avec le soutien de l’APHP et de l’ARS. Un vaste programme de recherche clinique et fondamentale a démarré grâce à la signature d’une convention de mécénat entre MSDAvenir, l’APHP et SURVI, permettant notamment de booster la recherche de biomarqueurs diagnostiques. Une vaste étude va évaluer l’intérêt médico-économique de structures SURVI à l’échelon national, et une cohorte nationale des maladies vasculaires et ischémiques intestinales va voir le jour avec le soutien de la Société nationale française de gastroentérologie (SNFGE).

Partager information et savoir-faire

Le modèle devrait donc s’exporter : un réseau national émerge, 13 CHU s’organisent en région. « L’idée est de mailler le territoire national pour réduire les disparités géographiques et rapprocher l’offre de soins des patients », souligne le Pr Corcos. SURVI répond aux collègues au 01 40 87 55 50 (avis sur un scanner, conduite à tenir, orientation du patient…).

Après la publication d’un cas princeps (1) montrant la réversibilité de l’ischémie intestinale ont été décrits des signes simples présents à l’admission, prédictifs de nécrose intestinale et du besoin de chirurgie (2), et, ailleurs, le protocole optimal d’acquisition scanner (3) pour améliorer la sensibilité et diminuer la variabilité entre les observateurs. Un article sur l’entérite chronique postischémique, décrite pour la première fois dans une série présentée aux JFHOD 2017 (4) est en préparation.

Reste à diffuser le savoir dans les facultés et la FMC (application smartphone, jeux de simulation…).

« Souvent l’intestin récupère, et le patient repart chez lui en mangeant… Ce service médical rendu, le soutien institutionnel et l’intérêt y compris à l’international nous encouragent à diffuser cette prise en charge », se réjouit le Pr Corcos.

D’après un entretien avec le Pr Olivier Corcos

(1) Nuzzo A, Corcos O, N Engl J Med 2016;375(15):e31
(2) Nuzzo A et al, Am J Gastroenterol 2017;112(4):597-605
(3) Copin P et al, Diagn Inter Imaging 2018, doi : 10.1056/NEJMicm1509318
(4) Billiauws et al, JFHOD 2017 CO076

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9650