Enquête PUGG

La prescription des antalgiques à la loupe

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Publié le 22/11/2018
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paracétamol

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Crédit photo : phanie

La douleur, aiguë ou chronique, est un très fréquente chez le sujet âgé. Elle ne survient pas uniquement dans un contexte de cancer ou de soins palliatifs, mais bien plus souvent lors de pathologies chroniques ou au moment des soins. Il est important de la reconnaître et de bien évaluer son intensité, car elle reste sous-diagnostiquée et sous-estimée. "Lorsque la verbalisation de la douleur n'est pas possible, du fait de troubles cognitifs ou de difficultés à communiquer, il faut faire appel à des échelles d’hétéroévaluation", rappelle le Pr Sylvie Bonin-Guillaume.

Tous les antalgiques peuvent être utilisés s'ils sont adaptés à la situation, exception faite des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), qui sont classiquement contre-indiqués après l'âge de 70 ans du fait du risque d'insuffisance rénale. Cette restriction s'applique aussi aux AINS en gel ou crème, souvent pris en automédication.

Le paracétamol en tête des prescriptions

Les premiers résultats de la grande enquête annuelle PUGG (Pratiques et usages en gériatrie et en gérontologie), menée par la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), portent cette année sur les traitements antalgiques dans les unités de gériatrie, qu'il s'agisse d'établissements de court ou de long séjour, de centres de réadaptation ou d'établissements hospitaliers pour personnes âgés dépendantes.

Il s'agit d'une enquête nationale sur les prescriptions, un jour donné, qui donne un état des lieux assez informatif sur les pratiques actuelles. "Nous avons reçu quelque 850 réponses, ce qui permet d'avoir une vision représentative de la situation et traduit aussi l'implication des gériatres dans cette problématique", rapporte le Pr Bonin-Guillaume, qui remercie tous les participants. Sans surprise, le paracétamol vient très largement en tête de tous les antalgiques prescrits. On observe un changement dans les habitudes de prescription des antalgiques de palier 2, moins souvent utilisés. "Les morphiniques sont peu prescrits, et cette particularité sera analysée dans un deuxième temps ", précise le Pr Bonin-Guillaume.

Des résultats précis sur les doses et les indications (en cas de besoin ou de façon systématique) seront présentés lors du congrès (1). "Les données sont plutôt rassurantes, ce qui témoigne de la vigilance des gériatres sur les ordonnances des patients. Avec les médecins coordinateurs, ils jouent aussi un rôle important dans la diffusion des bonnes pratiques, notamment à travers les ordonnances de sortie", poursuit le Pr Bonin-Guillaume, qui estime que la vigilance s'impose aussi en matière d'automédication et d'observance thérapeutique. 

Les antalgiques sont très souvent prescrits chez les sujets âgés et les gériatres sont très sensibilisés à leur bonne prescription. La SFGG souhaite mettre en place avec la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD) un groupe d’expert interdisciplinaire "Douleur et sujets âgés". "L'objectif à terme est de pouvoir mieux adapter les messages d'information", conclut le Pr Sylvie Bonin-Guillaume. 

D'après un entretien avec le Pr Sylvie Bonin-Guillaume, hôpitaux Sud, Marseille.
(1) Présentation le lundi 26 novembre à 10h50

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9704