L’ENQUÊTE DE l’UNAF et de la FAVEC a été menée par questionnaire anonyme auprès de personnes ayant perdu un parent avant l’âge de 25 ans. L’analyse porte sur 1 022 réponses, dont 80 % émanant de femmes, recueillies entre juin et octobre 2010. Au moment de l’enquête, 6 % des répondants avaient moins de 16 ans, 26 % entre 16 et 25 ans, 24 % entre 26 et 35 ans, 25 % entre 36 et 45 ans, 12 % entre 46 et 55 ans et 7 % plus de 56 ans. Près des trois quarts des répondants sont orphelins de père, 37 % orphelins de mère, un peu plus de 10 % ont perdu leurs deux parents. Seulement 8,8 % des orphelins ne se souviennent pas de la façon dont on leur a annoncé le décès, le plus souvent du fait de leur jeune âge à ce moment-là. Mais pour tous, même les plus jeunes, cette journée reste gravée dans la mémoire. La moitié des répondants ont vu leur parent décédé ; beaucoup y ont été obligés par la famille et tous l’ont vécu comme un choc. Lors du décès, les orphelins ont ressenti de la tristesse (85 %), de la colère (56 %) de l’angoisse (43,8 %), mais aussi de la culpabilité (34,9 %) et la volonté de se dépasser (30 %). Un orphelin sur cinq a eu des idées suicidaires, notamment lorsque le parent s’est suicidé. La moitié des orphelins disent qu’il leur a été difficile, voire impossible, de parler du parent décédé avec le parent survivant, mais aussi avec les amis et la famille. Dans de nombreux cas même, la mort ne leur a pas été annoncée clairement, les adultes évoquant un départ en voyage par exemple, notamment lorsque l’enfant est très jeune. Des années après le décès, seuls 50 % des orphelins peuvent en parler facilement, près de 20 % ont toujours un blocage. Pour beaucoup, le décès a eu des répercussions sur leurs relations familiales (76 %) et sentimentales (62,8 %). Cette perte a eu également un impact sur leur vie scolaire (51,7 % des cas). Les relations amicales ont été plus difficiles pour 45 % d’entre eux. Le décès d’un parent a aussi influencé l’orientation scolaire (37,9 %) et le choix professionnel (31,4 %). Dans les réponses et les commentaires apparaissent très clairement la difficulté du milieu scolaire à appréhender ces situations, en particulier le manque de préparation des enseignants.
Interrogés sur les conseils qu’ils donneraient aux jeunes qui deviennent orphelins, tous les adultes interrogés les incitent bien entendu à avoir du courage, à ne pas avoir honte mais aussi et surtout à parler du décès de leur parent. Tous conseillent au parent survivant de dire la vérité à l’enfant, de parler de la mort et du défunt avec eux.
Sur la base des résultats de cette enquête, l’UNAF et la FAVEC envisage de faire porter leur action sur la formation des enseignants pour leur permettre de mieux faire face à ces situations, également sur la création et le soutien des dispositifs permettant aux enfants orphelins de s’exprimer et d’échanger, enfin sur le développement des dispositifs d’aide, notamment financiers, aux orphelins (ils sont environ 500 000 âgés moins de 21 ans actuellement en France) et aux parents survivants.
D’après une communication de Gilles Séraphin (sociologue, UNAF).
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