Carence martiale chez l’enfant né prématuré

Pourquoi et comment supplémenter en fer

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Publié le 01/12/2020
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Le prématuré est très à risque de carence martiale mais l’excès de fer est aussi délétère, en l’absence de mécanisme d’élimination. Si possible, doser la ferritine avant de supplémenter.
Le lait sera enrichi jusqu’au relais médicamenteux avec dosage au cours de la première année

Le lait sera enrichi jusqu’au relais médicamenteux avec dosage au cours de la première année
Crédit photo : phanie

Le fer est un micronutriment essentiel à la synthèse de l’hémoglobine, au développement du système nerveux central et à la protection contre les infections.

Les conséquences cliniques de la carence martiale sont aujourd’hui mieux connues : anémie, troubles du développement neurologique (troubles cognitifs, troubles du comportement), susceptibilité accrue aux infections, troubles des phanères et des muqueuses, asthénie, altération de la croissance, diminution des performances physiques et troubles de la thermorégulation. L’excès de fer est également délétère : susceptibilité aux infections respiratoires, altération du métabolisme des autres minéraux (zinc, cuivre).

L’équilibre entre carence et excès

Les nouveau-nés à terme avec un poids normal naissent avec une réserve de fer fournie par le sang de leur mère et n’ont pas besoin de supplémentation. Le lait maternel couvre leurs besoins jusqu’à 4-6 mois. Ensuite, en revanche, la diversification avec des aliments riches en fer s’impose, car les besoins recommandés en fer augmentent beaucoup.

Il n’en est pas de même chez le prématuré. La durée de grossesse raccourcie, le petit poids de naissance, les prélèvements sanguins itératifs, le statut en fer de la mère et les conditions qui altèrent les échanges entre la mère et son fœtus, sont autant de facteurs qui influencent le stock martial à la naissance. Le risque de carence est élevé, les réserves étant faibles et la croissance accélérée. Les enfants nés avec un faible poids de naissance doivent donc recevoir une supplémentation, d’autant plus précoce et importante que le poids est bas.

Mais le risque de surcharge de fer existe aussi dans ce contexte, en raison de l’apport des transfusions sanguines répétées, et d’une insuffisance du mécanisme d’excrétion du fer. Il faut donc être prudent.

Pendant l’hospitalisation et jusqu’à 6-12 mois

La supplémentation en fer du prématuré pendant l’hospitalisation du prématuré doit être systématique, mais pas avant 14 jours car le système antioxydant du nouveau-né n’est pas encore mature. Elle doit être débutée entre 2 et 6 semaines et diminue le risque de transfusion. Les études ont montré qu’une supplémentation de 2-3 mg/kg/j réduisait le risque d’anémie ferriprive, sans augmenter les effets secondaires, et diminuait les troubles comportementaux à 3 et 7 ans.

L’EPO diminue la fréquence des transfusions et est recommandée pour les naissances avant 28 SA.

En cas de multiples transfusions, il faut doser la ferritine avant de supplémenter (si ferritinémie > 300 µg/L retarder la supplémentation).

L’apport prophylactique en fer peut être donné sous forme d’un supplément médicamenteux, d’une formule pour prématuré enrichie, ou de lait maternel enrichi, puis d’une supplémentation médicamenteuse pendant 6 à 12 mois selon la diversification.

Enfin, en raison des bénéfices sur la morbidité néonatale et sur le statut en fer, le clampage tardif du cordon en cas de naissance prématurée est recommandé.

Communication de la Dr Laure Simon (Nantes)

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin