Les malades mentaux vieillissent

Il faut anticiper…

Publié le 31/03/2014
Article réservé aux abonnés
1396970919510224_IMG_126433_HR.jpg

1396970919510224_IMG_126433_HR.jpg
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

L’accompagnement des personnes soufrant de troubles mentaux et vieillissantes implique de tenir compte des effets propres du vieillissement et de son impact éventuel sur l’évolution du trouble psychique. L’adaptation de la prise en charge impose un travail sur la perte avec des personnes qui ont des difficultés à se représenter le manque.

Avec l’augmentation de l’espérance de vie, le nombre de personnes âgées atteintes de troubles psychiatriques augmente. « Il y a un problème démographique, mais surtout un problème de société qui n’est pas prête pour l’instant à s’occuper des personnes qui ont des problèmes psychiques et qui vieillissent. Nous ne sommes pas équipés matériellement, humainement et individuellement pour faire face aux difficultés du vieillissement chez ces personnes. La question n’est pas « que faire de ces patients ? » mais plutôt « que faire avec ces patients ? » ce qui sous-entend de se trouver d’emblée dans un projet d’accompagnement, souligne le Dr Jérôme Pellerin. À chaque fois qu’il y a des difficultés avec un patient schizophrène ou psychotique en maison de retraite, c’est soit qu’il est insuffisamment accompagné soit qu’il n’a pas été préparé à cet hébergement. »

Paradoxalement, c’est l’absence de changement dans la prise en charge qui constitue un choc pour le patient avec un risque de désorganisation psychique. Les malades mentaux sont très sensibles à toute rupture et ils vivent l’incapacité des dispositifs à s’adapter à leur vieillissement comme une rupture.

« Les personnes âgées psychotiques ou schizophrènes qui ont une chance d’être suivies tardivement sont celles qui sont connues depuis longtemps ou celles dont le vieillissement se fait sans trop de déficit », fait remarquer le Dr Jérôme Pellerin.

Or, la préservation du lien avec les équipes du secteur est nécessaire pour faciliter l’adaptation aux nouvelles modalités de soins. Lorsqu’un patient n’est pas connu du secteur psychiatrique et qu’il pose un problème de souffrance mentale, il a également moins de chance d’être bien intégré dans la maison de retraite.

D’après un entretien avec le Dr Jérôme Pellerin, hôpital Charles Foix, Ivry-sur-Seine.

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9314