Les personnes âgées vivant en institution et qui le souhaitent devraient avoir droit à une sexualité épanouie. Or, dans la plupart des maisons de retraite, le sujet provoque la gêne, le déni, voire le rejet du personnel soignant. Explications du Dr Véronique Lefebvre des Noettes.
Si l’amour est toléré dans les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), la sexualité agie, c’est-à-dire impliquant des rapports complets, reste taboue. « La sexualité des personnes âgées est souvent perçue, à tort, comme obscène. Or, elle peut avoir un impact sur la santé générale du sujet âgé. Nous avons observé, par exemple, que la sexualité peut apporter un certain apaisement aux patients âgés souffrant de démence », note le Dr Lefebvre des Noettes.
Pour favoriser l’acceptation de la sexualité dans les EHPAD, la formation devrait être renforcée. « Nous avons constaté que les soignants qui ont reçu une formation sur la sexualité des personnes âgées ne voient plus cela comme quelque chose de dégoûtant. Au contraire, ils accompagnent les résidents désirant vivre une sexualité épanouie », affirme le Dr Lefebvre des Noettes qui enseigne depuis vingt ans en capacité de gériatrie en Île-de-France.
Le questionnaire d’entrée en EHPAD devrait ainsi inclure un volet sur la sexualité du futur résident : « les personnes qui le désirent devraient, par exemple, pouvoir choisir un lit double. Les couples qui vieillissent chez eux y ont droit. Pourquoi devraient-ils être séparés en maison de retraite ? », s’interroge le Dr Lefebvre des Noettes.
Toutefois, la vieillesse et les maladies modifient le rapport à la libido. Certaines formes de démences peuvent entraîner une perte du sens des convenances voire une désinhibition. « Il n’est pas rare qu’un homme souffrant de démence fasse des propositions à n’importe qui, ait des comportements égoïstes tels que la masturbation en public, ou prenne une emprise sur un autre patient. Les soignants doivent s’assurer que la sexualité est bien vécue par les deux personnes en guidant plutôt qu’en réprimant », note le Dr Lefebvre des Noettes.
La vieillesse est aussi souvent synonyme de pathologies multiples et de problèmes liés à la sexualité. « Les médecins doivent essayer d’accompagner les patients âgés, dans la mesure du possible, dans leur désir d’une sexualité épanouie, même lorsque ceux-ci souffrent de troubles somatiques, de dépression et/ou de démence. Ils ne doivent surtout pas prescrire systématiquement des neuroleptiques pour « éteindre » une sexualité productive, vécue comme gênante », conclut le Dr Lefebvre des Noettes.
D’après un entretien avec le Dr Véronique Lefebvre des Noettes, psychiatre, médecin expert au Centre hospitalier Émile-Roux (Limeil Brévannes).
Article précédent
Les praticiens veulent être considérés à leur juste valeur
Article suivant
Tétanos, grippe, pneumocoque et bientôt zona
Les mots pour le dire
Toutes les vieillesses
Les praticiens veulent être considérés à leur juste valeur
Sexualité de la personne âgée, un sujet qui reste tabou
Tétanos, grippe, pneumocoque et bientôt zona
Dix pistes pour améliorer la prise en charge
Une évaluation au cas par cas
INR pour patients sous AVK
Il faut anticiper…
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024