LA PREMIÈRE étude sur le lien entre douleur ostéoarticulaire et vitamine D, publiée en 2003, rapportait une hypovitaminose D chez pratiquement tous les patients consultant pour des douleurs ostéoarticulaires non spécifiques. D’autres travaux réalisés par la suite ont confirmé ce lien. Par exemple, une étude germano-turque a retrouvé une incidence d’hypovitaminose D beaucoup plus importante chez les Turcs que chez les Allemands, et une fréquence de douleurs généralisées également très différente : 60 % dans la population turque, 15 % dans la population allemande. Une étude norvégienne sur 572 patients consultant leur médecin généraliste pour des douleurs rend compte d’une hypovitaminose D, inférieure à 20 ng/ml, chez 58 % d’entre eux. Une étude anglaise datant de 2007 sur 267 patients souffrant de douleurs chroniques révèle une consommation d’opioïdes plus importante chez les patients carencés en vitamine D que chez les non carencés. Une association entre douleurs chroniques diffuses et carence en vitamine D est également constatée dans une étude européenne portant sur plus de 3 000 patients. Par railleurs, certaines études ont mis en évidence un impact bénéfique d’une supplémentation en vitamine D chez des patients douloureux chroniques, au cours de la neuropathie diabétique, chez des enfants drépanocytaires, ou encore chez des patientes porteuses de métastases osseuses de cancer du sein.
« Actuellement, précise le Dr Rose-Marie Javier, il est établi qu’un taux sérique de vitamine D supérieur à 28 ng/ml diminue le risque de fractures chez les personnes âgées, un taux supérieur à 27 ng/ml réduit le risque de chutes et un taux supérieur à 30 ng/ml est nécessaire pour une efficacité optimale des médicaments anti-résorbeurs dans l’ostéoporose. Tout le reste n’est que supputations. »
Les douleurs ne font d’ailleurs pas partie des indications de dosage de la vitamine D proposées par le Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (GRIO), dans ses recommandations sur l’usage de la vitamine D chez l’adulte. « Pour autant, souligne-t-elle, ce dosage peut être justifié chez ces patients douloureux, en considérant qu’une hypovitaminose D peut potentialiser les douleurs. » La vitamine D n’est pas un antalgique mais il est important de normaliser les taux sériques tout au long de la vie. Chez les patients carencés, la prise orale de vitamine D est le seul moyen d’y parvenir car l’exposition solaire n’a qu’un effet très limité. « Il faut toutefois éviter une supplémentation anarchique, met-elle en garde, et avoir présent à l’esprit le risque de lithiase, de sarcoïdose et d’hypersensibilité à la vitamine D. La vitamine D est un médicament délivré en pharmacie, sur prescription médicale. A juste titre. »
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Moins d’antalgiques que chez l’adulte et beaucoup d’idées fausses.
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Normaliser le taux, mais éviter une supplémentation anarchique
Surveiller la tension artérielle en cas de prise au long cours
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