LES PANNES SEXUELLES sont fréquentes, elles concerneraient un homme sur trois après l’âge de 40 ans. Pour les hommes, ces troubles sont une source d’anxiété. « Ils ont peur d’un futur sans érection et, ce, qu’ils aient 20 ou 70 ans. Or l’érection est un acte réflexe, qui ne peut survenir que s’il y a désir et qui est bloqué en cas d’anxiété », rappelle le Pr Pierre Costa avant de souligner que les hommes sont le plus souvent « protégés » par leurs partenaires, qui se montrent majoritairement rassurantes au début. Interrogées sur la réaction qu’elles ont eue ou qu’elles auraient en cas de panne sexuelle chez leur partenaire, les femmes ont, dans 80 à 85 % des cas, une attitude positive. Elles sont 10 % à ne pas vraiment s’exprimer et seules, 4 à 6 % rapportent une attitude franchement négative.
Le rôle des femmes est crucial.
Le rôle des femmes est absolument crucial. « Ainsi, un homme sera chanceux s’il est en couple, si sa partenaire est compréhensive, si elle accepte d’avoir des rapports sexuels malgré les troubles de l’érection et si elle finit par le convaincre gentiment, mais fermement, de consulter et d’accepter le traitement éventuel. À l’inverse, certains hommes sont moins chanceux, soit parce qu’ils ne sont pas en couple et que, par peur d’aborder une femme, ils s’enferment dans leur solitude avec les pannes dans la tête, soit parce que leur partenaire se désintéresse de la sexualité. Entre ces deux extrêmes, toutes les situations peuvent se rencontrer », note le Pr Costa.
Une oreille attentive
En pratique que faire ? Déjà écouter le patient : seuls 30 % des hommes en parlent à leur médecin, mais seul un praticien sur trois prête une oreille attentive à la plainte de son patient, souvent annoncée lors d’une consultation pour un tout autre motif. Il faut donc faire revenir rapidement le patient pour une consultation dédiée. Un bilan minimal est nécessaire car dans 30 % des cas les troubles de l’érection peuvent traduire une maladie sous-jacente, notamment cardiovasculaire : NFS, ionogramme, fonction rénale, glycémie, bilan lipidique, complété par un dosage de la testostérone en cas de trouble du désir. Un bilan cardiologique sera éventuellement demandé. Selon le profil du patient, certaines mesures sont souhaitables, mais dans un premier temps elles ne constituent pas toujours la bonne réponse à un patient angoissé : perte de poids en cas d’obésité, reprise d’une activité physique, sport chez un sédentaire, équilibre du diabète, sevrage tabagique chez un fumeur….
« Il faut expliquer à l’homme et à sa partenaire ce qui lui arrive, en précisant bien que l’érection ne se commande pas. Souvent, je préconise à l’homme de s’occuper de ce qu’il peut commander, la façon de parler, la tendresse, l’attention, la patience, bref d’aller vers l’amour sans être sûr d’avoir une érection », expose le Pr Costa qui rappelle que l’homme a besoin de s’estimer et que sa partenaire l’estime. Cela peut suffire mais une aide est souvent nécessaire, tel que le recours à un psychologue, une thérapie cognitivo-comportementale sexologique ou un médicament. Les inducteurs de l’érection sont efficaces et bien tolérés et ont toute leur place lorsque les troubles persistent.
D’après un entretien avec le Pr Pierre Costa, président de l’Association inter-hospitalo-universitaire de sexologie, service d’urologie-andrologie, hôpital Carémeau, CHU, Nîmes.
Pour en savoir plus : « Couple : le plus fragile des deux n’est pas elle ». Par le Pr Pierre Costa. Editions Anne Carrière.
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