L’HYPOGONADISME tardif ou déficit androgénique lié à l’âge (DALA) est un déficit progressif qui survient chez l’homme entre 55 et 60 ans, sans avoir toutefois de caractère systématique puisqu’il concerne un tiers des plus de 55 ans et la moitié des plus de 60 ans. Ce déficit est caractérisé par un taux de testostérone inférieur à celui d’un homme de 40 ans, c’est-à-dire moins de 2 nmol/l de testostérone biodisponible. Ce taux, précise le Dr Béatrice Cuzin, doit être resitué dans le contexte clinique, il ne peut être à lui seul une indication du traitement. Ainsi, des études menées chez des hommes dont le taux de testostérone était à 1,30 nmol/l, soit un tiers en dessous de la valeur seuil, ne retrouvent un bénéfice du traitement que dans un tiers des cas. L’indication du traitement doit donc être discutée au cas par cas, en fonction à la fois du taux de testostérone et des symptômes cliniques. Ceux-ci sont assez peu spécifiques : fatigue, baisse du désir sexuel, et, un peu plus caractéristiques, bouffées de chaleur. Le tableau clinique est d’autant plus riche que le taux de testostérone est bas. Au maximum c’est celui réalisé par la castration chimique ou chirurgical. Mais en dehors de cette situation particulière, le taux de testostérone n’est jamais nul comme l’est celui des estrogènes à la ménopause. Le terme d’andropause n’est donc pas adapté. Par ailleurs, chaque organe sensible à la testostérone a des taux de saturation différents. On a pu ainsi montré que le taux de testostérone intra-prostatique n’était pas augmenté après six mois de traitement par la testostérone chez des hommes présentant un hypogonadisme, ce qui est un argument en faveur de l’innocuité du traitement pour la prostate.
Bilan avant traitement.
L’indication d’un traitement par testostérone se fonde donc sur les signes cliniques et sur le constat à deux dosages d’un taux de testostérone en dessous de la limite inférieure du laboratoire. Le bilan avant traitement comporte un dosage de PSA (chez les patients de plus de 50 ans), un bilan hépatique et un dosage d’hématocrite. Trois formes galéniques sont actuellement disponibles : transcutanée (gel ou patch), orale et intramusculaire. La forme intramusculaire est administrée tous les 10 jours à trois semaines en fonction de la réponse clinique, en moyenne tous les 15 jours. Une forme retard est également disponible, en une injection tous les trois mois. Cette forme IM retard, de même que les formes transcutanées, ne sont pas remboursées par la sécurité sociale.
L’équilibre clinique est atteint plus rapidement avec la forme transcutanée, en général au bout de six semaines à deux mois. En revanche, il est préférable d’attendre trois mois avant d’évaluer l’efficacité d’un traitement par voie orale ou intramusculaire.
Forme, force, désirs, érections matinales, meilleures éjaculations.
L’efficacité du traitement est jugée sur les signes cliniques, généraux et sexuels, et éventuellement, pour les traitements par voie IM ou transcutanée, sur le dosage sérique de testostérone ; sous traitement par voie orale, les fluctuations du taux de testostérone dans la journée sont trop importantes pour que ce dosage ait une valeur. Globalement, indique Béatrice Cuzin, la moitié des patients répondent au traitement, sur le plan général, avec une meilleure forme physique, davantage de force musculaire, une perte de la masse grasse, et/ ou sur le plan sexuel, retrouvant le désir, des érections matinales et des éjaculations de meilleure qualité. La surveillance du traitement repose sur un bilan biologique tous les six mois (bilan hépatique, hématocrite, PSA). Le cancer prostatique est une contre-indication notée dans les RCP des produits. Toutefois, précise le Dr Cuzin, le traitement par testostérone ne comporte pas de risque d’induction de cancer et pas non plus, semble-t-il aujourd’hui, de risque de stimulation d’un cancer. Le traitement par testostérone doit être utilisé avec précautions chez les patients présentant un adénome prostatique chez lesquels il risque d’aggraver les symptômes urinaires obstructifs.
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