Prévention

Le bon vaccin ne dépend pas que de l’âge

Publié le 17/11/2017
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Les plus de 65 ans font l’objet de conseils vaccinaux ciblés, notamment liés à l’immunosénescence progressive qui diminue la réponse vaccinale. Alors que le vaccin antigrippal s’adresse à tous, celui contre le pneumocoque n’est indiqué qu’en cas de comorbidité.
Vaccination senior

Vaccination senior
Crédit photo : GARO/PHANIE

Parler « vaccination » chez le senior, c’est prendre en compte un facteur déterminant lié à l’âge : le phénomène d’immunosénescence. En effet, dès 50 ans, le système immunitaire perd en efficacité, conférant une vulnérabilité accrue aux infections. Cela limite aussi l’efficacité vaccinale, notamment vis-à-vis de la mortalité liée au virus grippal. « Au-delà de 65 ans, l’efficacité du vaccin antigrippal est de 20 à 25 % inférieure à celle observée chez les moins de 65 ans, précise le Pr Bruno Lina, virologue et directeur du Laboratoire de virologie et pathologies humaines de Lyon. Chez les seniors, elle oscille autour de 35-40 %, chutant progressivement avec l’âge. D’où l’intérêt de vacciner contre la grippe les personnes au contact de ces seniors fragiles ».

éviter l’excès de mortalité

Malgré son efficacité modérée du fait du phénomène d’immunosénescence, le vaccin antigrippal chez les seniors n’en reste pas moins indispensable. D’une part parce qu’il n’existe aucune autre solution – mesures barrière, cocooning – aussi efficace et, d’autre part, parce que les éléments indirects sont en faveur d’une moindre morbimortalité de la grippe chez les plus 65 ans vaccinés par rapport aux autres. 2 000 à 4 000 décès seraient ainsi évités chaque hiver, en dépit d’une couverture vaccinale suboptimale (autour de 50 % chez les plus de 65 ans), avec une réduction de -50 à -60 % du risque de pneumonies et de -70 % à -80 % de complications sévères ; le phénomène d’immunosénescence exposant toute personne entrée dans la soixantaine à un risque supérieur de complications de la grippe. L’épidémie de l’hiver 2016-2017 a été marquée par un excès de mortalité estimé à 14 400 décès attribuables à la grippe, dont 90 % chez les personnes de 75 ans et plus.

La bonne séquence

Doit-on vacciner tous les seniors contre le pneumocoque ? La réponse est nuancée : la vaccination s’impose dès lors que l’on découvre une comorbidité prédisposant à une infection invasive à Streptococcus pneumoniae (IIP), telles une insuffisance cardiaque ou rénale, une BPCO ou un diabète non équilibré par le simple régime. L’incidence des IIP étant plus élevée et leurs conséquences plus graves avec l’âge et les comorbidités. D’où l’intérêt de vacciner ces personnes âgées au système immunitaire moins performant.

Par ailleurs, la vaccination des seniors (non antérieurement vaccinés) doit être pratiquée selon un schéma vaccinal tactique, au moyen de la séquence « vaccin pneumococcique conjugué 13-valent (VPC 13) », suivi huit semaines plus tard du « vaccin pneumococcique non conjugué 23-valent (VPP 23) ». Un schéma devenu similaire au calendrier vaccinal 2017, que la personne soit ou non immunodéprimée. Cette séquence s’est imposée chez tous les seniors, les études ayant démontré la pertinence de sa chronologie. L’inverser serait très peu protecteur voire pas du tout. En effet, contrairement aux vaccins conjugués comme VPC 13, les vaccins polysaccharidiques comme le VP 23 ne génèrent pas d’immunité mémoire et donc pas de réponse immunitaire protectrice. Les personnes déjà vaccinées suivant la séquence VPC 13 – VPP 23 devront recevoir une nouvelle injection du VPP 23 en respectant un délai de cinq ans.

Rappels plus serrés

La stratégie du cocooning dans la coqueluche concerne aussi les seniors, personnes « sources » potentielles de Bordetella pertussis, à l’origine des contaminations infantiles. Les rappels de l’adulte sont recommandés à l’âge de 65 ans, puis tous les dix ans.

Toujours des cas de tétanos Pour le vaccin DTP, des progrès restent à accomplir. Les quelques dizaines de cas de tétanos annuels qui touchent en quasi-intégralité les personnes âgées sont essentiellement dus à un défaut de revaccination. En raison d’une réduction de l’immunité post-vaccinale due à l'immunosénescence, les rappels DTP restent recommandés tous les 10 ans à partir de 65 ans alors qu’il ne l’est que tous les 20 ans à 25, 45 et 65 ans. Enfin, l’injection du vaccin contre le zona en une dose unique est recommandée entre 65 et 74 ans révolus, dans l’optique d’une prévention qui concerne aussi les douleurs post-zostériennes.

 

Hélène Joubert

Source : lequotidiendumedecin.fr