Alors que le début d’année est marqué par une recrudescence importante des cas d’infections invasives à méningocoques (IIM), quelle protection pour les enfants nés après l’obligation vaccinale des nourrissons en vigueur depuis le 1er janvier ? La Haute Autorité de santé (HAS) propose de façon transitoire un rattrapage vaccinal jusqu’à 3 ans contre les sérogroupes ACWY et chez les 2 à 5 ans pour le sérogroupe B, tout en préconisant d’inscrire au calendrier vaccinal une extension de l’obligation contre ACWY jusqu’à 2 ans comme pour le B. S’il n’est pas question d’élargir la vaccination contre le B à tous les adolescents, la HAS souhaite proposer le remboursement aux 15-24 ans volontaires.
Les recommandations publiées en mars 2024 étant « plus que jamais d'actualité », la HAS insiste par ailleurs sur la nécessité de « mettre à jour sans délai » la vaccination contre les sérogroupes ACWY des adolescents et jeunes adultes jusqu'à 25 ans. Une large campagne est ainsi menée sur deux ans.
Cet avis est une réponse à une saisine du ministère de la Santé au vu de l’accélération début 2025 de la résurgence des IIM observée en post-Covid. Les données de surveillance montrent une recrudescence des cas depuis 2023 (560 cas), confirmée en 2024 (615 cas) et « début 2025 avec un niveau particulièrement élevé pour les mois de janvier et février 2025 (95 cas et 89 cas) », rappelle la HAS dans un communiqué. Un phénomène qui s’explique en partie par la forte épidémie de grippe durant l’hiver 2024-2025.
Simplifier avec une obligation vaccinale jusqu’à 2 ans pour tous les sérogroupes
Pour sa décision, la HAS explique avoir pris en compte « la nette diminution de l'incidence des sérogroupes B chez les enfants après 5 ans, des sérogroupes W après 3 ans et des sérogroupes Y après 2 ans ». De plus, après les moins de 5 ans, il apparaît que la tranche des 15-25 ans « est particulièrement touchée, notamment par les méningocoques B ». Enfin, les sérogroupes W et Y sont « en augmentation continue » dans la population française depuis 2019 avec une forte létalité du W (20 % de décès en 2024).
Concernant l’extension de la vaccination obligatoire ACWY jusqu’à 2 ans, la HAS souligne que « la mesure concerne également les nourrissons de 1 à 2 ans ayant déjà reçu une vaccination complète (deux injections) contre le méningocoque C ». L’alignement sur l’âge de 2 ans quel que soit le sérogroupe, ACWY ou B, permettra en outre de simplifier le calendrier vaccinal.
Vacciner sans délai les 11-24 ans contre ACWY
Contre le sérogroupe ACWY, la HAS recommande « de manière transitoire » un rattrapage ciblant les enfants jusqu’à 3 ans n’ayant pas été vaccinés. Et chez les adolescents et jeunes adultes, elle appelle à ce que la vaccination ACWY actuellement recommandée chez les adolescents de 11 à 14 ans « soit effective ». Cette vaccination est susceptible de les protéger pendant toute la période à risque de 15 à 24 ans, en raison de la durée prolongée de cette protection (dix années au moins).
La HAS rappelle également la nécessité de mettre en œuvre le rattrapage vaccinal des 15 et 24 ans non encore vaccinés, sous forme de campagne organisée (sur deux ans) afin d’atteindre rapidement une couverture vaccinale élevée. Cette mesure est en effet « cruciale », non seulement pour protéger cette population, mais aussi pour induire une protection collective.

Ouvrir un remboursement pour la vaccination contre le B chez les 15-24 ans
Concernant le sérogroupe B, contre lequel la vaccination est déjà obligatoire jusqu'à 2 ans depuis janvier, elle recommande, « de manière transitoire », un rattrapage vaccinal jusqu’à 5 ans chez les enfants n’ayant pas été vaccinés.
Pour les adolescents, la HAS réitère sa préconisation de rendre effectif le remboursement de la vaccination dirigée contre le sérogroupe B chez les 15 à 24 ans souhaitant se faire vacciner.
Mais elle ne recommande toujours pas, à ce stade, comme la plupart des pays, d’élargir cette vaccination à tous les adolescents et jeunes adultes « en raison de la durée courte de cette protection (trois à cinq années), de la nécessité d’administrer deux injections et de l’absence d’efficacité du vaccin à conférer une protection collective indirecte aux populations non vaccinées ». Si une vaccination est effectuée chez l'adolescent, il est recommandé de la faire à partir de 15 ans.
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