› Tribune libre
La découverte du Pr Luc Douay et de son équipe (« le Quotidien » du 5 septembre) va enfin mettre un terme à des affrontements parfois violents qui ont opposé, depuis plus de vingt ans, dans le champ prometteur de la médecine régénérative, les défenseurs de l’utilisation des cellules souches embryonnaires humaines et ceux qui prônaient « la seconde voie », celle des cellules souches adultes d’origines diverses, incluant les cellules souches induites.
Cette deuxième voie était récusée par des chercheurs dont les propos, souvent agressifs, relayés par les médias, étaient plus marqués par des considérations idéologiques que fondés sur une argumentation scientifique objective. Ils dénonçaient l’attitude de ceux dont ils contestaient les valeurs et les travaux, leur reprochant de tuer l’espoir des malades atteints de maladies graves et incurables telles que la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer, qui devaient, selon eux, être les premiers bénéficiaires des traitements par cellules d’embryons humains.
Vingt ans après, alors que les recherches sur les cellules embryonnaires ont montré leurs limites dans leur utilisation thérapeutique, ce sont les cellules souches adultes qui sont désormais « les cellules de l’espoir ». Or, particulièrement en France, ces affrontements entre chercheurs ont sous-tendu les débats parlementaires sur les révisions successives des lois relatives à la bioéthique. Ils ont eu aussi pour conséquence indirecte de retarder, dans notre pays, la prise de conscience de l’intérêt des cellules de sang placentaire, désormais avéré.
La preuve est faite que l’encadrement, par la loi, des recherches sur l’embryon humain n’a pas empêché la recherche française de trouver sa place dans une compétition internationale dont les enjeux sont considérables. En outre, les résultats actuels confirment, au stade de la preuve de concept, la maîtrise acquise par les chercheurs en matière de reprogrammation des mécanismes de la division cellulaire.
Ils font apparaître enfin, et ceci traduit une véritable révolution culturelle, que si les innovations dans le domaine des sciences de la vie suscitent des réflexions éthiques souvent considérées comme des freins à l’innovation, il arrive parfois que les questionnements éthiques stimulent l’imagination des chercheurs et soient finalement à l’origine de progrès !
Qui s’en plaindrait ?
* Sénateur honoraire, ancien rapporteur des lois de bioéthique au Sénat, ancien membre du Comité consultatif national d’éthique et du Comité international de bioéthique de l’UNESCO.
Article précédent
Le champ de la recherche s’élargit
Article suivant
La loi de bioéthique est parue au « Journal officiel »
Le premier essai thérapeutique est stoppé
Où commence l’embryon ?
Le champ de la recherche s’élargit
Du sang à partir de cellules souches : la fin d’un long combat
La loi de bioéthique est parue au « Journal officiel »
Les principes arrêtés pour 7 ans
Recherche sur l’embryon, entre obscurantisme et profanation
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation