Des mesures coercitives de l’Ordre aux réseaux

L’âpre combat des jeunes pour préserver leur liberté

Publié le 13/12/2012
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Crédit photo : S TOUBON

MAI 2012 : internes et chefs de clinique ne voient pas le coup venir. Sans crier gare, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) propose deux recommandations fracassantes. Primo : à la fin de ses études, le jeune médecin exercera « pendant une période de cinq ans dans sa région de formation ». Secundo, le praticien déjà installé en secteur II devra plafonner ses honoraires à « trois à quatre fois le montant opposable de l’acte concerné » et « réserver au moins 30 % de [son] activité au secteur I ».

Pendant quatre semaines, la colère monte crescendo. Ces propositions « mettent en péril l’attractivité de la médecine libérale », estiment internes (ISNIH) et chefs de clinique (ISNCCA). Coup de théâtre ! Le 5 juin, une centaine de jeunes médecins manifestent devant le conseil départemental de l’Ordre du Rhône ; les ordinaux lyonnais « désapprouvent » « l’absence de concertation » de Paris et « le président Michel Legmann sur sa communication ».

Le vaudeville des « négos ».

Le CNOM devra finalement capituler. Le 23 juin, au Congrès de Nice, Marisol Touraine veut éteindre le brasier. « François Hollande ne croit pas à l’efficacité des mesures coercitives à l’installation », affirme la nouvelle ministre de la Santé.

Un mois plus tard, les syndicats de médecins libéraux entament les négociations délicates sur l’encadrement des dépassements d’honoraires, sous l’œil vigilant des jeunes, observateurs (muets) pendant plus de trois mois d’un feuilleton à rebondissements, dont l’ultime scène se joue une nouvelle fois dans la rue. Environ 600 internes parisiens manifestent le 22 octobre à Paris sous les fenêtres de la CNAM tandis que six étages plus haut, les négociateurs débutent le dernier round des « négos ». Les discussions se concluront 24 heures plus tard par la signature d’un protocole d’accord qui aboutira au désormais célèbre avenant 8 (lire aussi page 3).

Mais à peine les syndicats ont-ils reposé le stylo que les jeunes médecins augmentent la pression. Les internes et les chefs déposent un préavis de grève nationale. L’avenant 8 participe à la détérioration de leurs futures conditions d’exercice, estiment-ils. Internes et chefs de clinique veulent obtenir la certitude que le secteur II ne sera en aucun cas remis en cause. À leurs revendications premières (honoraires, conditions de travail, repos de sécurité, liberté d’installation) s’ajoute la crainte d’être désormais sous le joug des mutuelles : la colère se cristallise sur la proposition de loi qui autorise les réseaux de soins mutualistes. Pendant plus d’un mois, les manifestations se succèdent, avec comme point culminant l’annonce d’une grève illimitée le 12 novembre. Une nouvelle fois, Marisol Touraine doit clarifier sa position : le principe de libre accès aux soins sera maintenu et il n’y aura pas de régulation tarifaire dans les réseaux de soins avec les médecins. La ministre a-t-elle définitivement rassuré les jeunes ? Le chemin est encore long...

ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9206