LE QUOTIDIEN : Quelle est l’incidence des maladies cardiovasculaires en Iran ?
PR FERIDOUN NOOHI : L’état de santé des Iraniens s’est remarquablement amélioré depuis la révolution. La vaccination a fait reculer la mortalité infantile, des maladies ont disparu. En cardiologie, l’Iran a changé de visage. On envoie des médecins faire de la prévention et du diagnostic au fin fond du pays. On ne voit plus de séquelles cardiaques associées aux rhumatismes articulaires. Les maladies d’aujourd’hui sont celles des grands pays industrialisés : hypertension artérielle, diabète... Les maladies cardiovasculaires sont devenues la première cause de mortalité, devant les accidents de la route.
Quels sont vos besoins en médicaments et dispositifs médicaux ?
La situation est assez stable aujourd’hui : la pharmacie de mon hôpital a une réserve de 1 000 stents. Mais ces deux dernières années, on a eu de gros manques, gérés comme on a pu. L’Iran est en capacité de produire plus de 90 % des médicaments dont il a besoin, en fabriquant le principe actif, ou en conditionnant le principe actif importé, comme pour le Plavix. Malheureusement, le prix du principe actif importé a beaucoup augmenté. Une grande partie de notre budget santé est engloutie dans l’achat de médicaments étrangers très coûteux que nous ne fabriquons pas encore (contre la sclérose en plaque, les maladies rares...). Leur prix a doublé. On a construit des réseaux pour contourner le blocus bancaire. La peur de manquer était forte : on a plus souffert des sanctions psychologiquement que physiquement.
Vous avez visité des hôpitaux parisiens dernièrement. Quelles différences avez-vous relevées ?
Au niveau des soins, des équipements, c’est à peu près la même chose. Ici aussi, l’échocardiographie en 3D se fait en routine. Nous greffons des cœurs, nous essayons d’acquérir les dernières technologies. Poser un cœur artificiel ? Les moyens manquent, mais c’est le vœu de notre pays. La différence avec la France, c’est l’accès aux médicaments. Certains patients refusent le générique iranien, ils veulent l’original. L’attente est très forte vis-à-vis de l’Occident, pour qu’il libère notre système bancaire, et que l’on puisse enfin acheter les médicaments étrangers librement.
Article précédent
Un hôpital privé au quotidien : le saut d’obstacles permanent
Article suivant
Une médecine de pointe qui lutte pour maintenir l’excellence
Une timide reprise de contacts
Tombées malades en Iran, soignées en France
Un hôpital privé au quotidien : le saut d’obstacles permanent
Pr Feridoun Noohi : « On a construit des réseaux pour contourner le blocus »
Une médecine de pointe qui lutte pour maintenir l’excellence
Un système de santé moderne mais inégalitaire
En Iran, le fragile espoir d’une santé meilleure
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité