La mode de se faire opérer à l’étranger est passée. Téhéran est même devenu un pôle attractif pour son tourisme médical. Certains Iraniens, peu nombreux, préfèrent toutefois la médecine d’ailleurs. C’est le cas de Faranak*, opérée d’un cancer du sein à Téhéran en 2012, et suivie depuis à l’institut Curie.
Pourquoi Paris ?« Les médicaments sont trop chers en Iran. Et je me méfie de ceux qui viennent d’Inde et de Chine. En Iran, une deuxième étiquette recouvre parfois la première pour masquer une date de péremption vieille comme tout. Je n’ai pas confiance ».
Sous Aromasine contre une possible rechute, Faranak atterrit à Orly tous les trois mois. Elle consulte son oncologue et remplit sa valise de médicaments. Retraitée, Faranak a de la famille à Paris, et donc un pied-à-terre. « J’ai de la chance », dit-elle.
Carcan social et humilations
Mojdeh* a pris une décision plus radicale : elle a quitté son pays. Diagnostiquée schizophrène au milieu des années 1990, elle reçoit des électrochocs, puis un médicament qui ne la stabilise pas vraiment. Exclue de l’université pour des écrits jugés subversifs, sa vie à Téhéran devient un enfer. Sa sœur, installée à Paris, la supplie de la rejoindre. Mojdeh prend alors un aller simple.
« Le médicament est plus efficace ici, elle va mieux », glisse sa sœur. Soulagée que Mojdeh se trouve à bonne distance des gardiens de la révolution : « L’Iran a de très bons médecins, mais le carcan social, politique et religieux empêchait toute amélioration. Le régime génère des bataillons de schizophrènes. Les gens sont obligés d’accepter des humiliations imposées. Mettre chaque jour quelque chose sur sa tête : c’était plus difficile pour ma sœur que pour n’importe qui ».
Son titre de séjour périme bientôt. Mojdeh a saisi la justice française pour obtenir une prolongation.
* Prénom d’emprunt
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