L’unique centre de lutte contre le cancer pédiatrique d’Iran est perché sur les hauteurs de Téhéran, au-dessus du couvercle de pollution qui asphyxie la mégalopole.
« Regardez, on a construit un hôtel pour les parents qui peuvent rester un mois ou deux » : la fierté pointe dans la voix de l’homme qui assure la visite des lieux. Géré par la fondation Mahak, l’hôpital, une référence au Moyen-Orient, vit de donations. Les enfants viennent de loin, y compris du Kenya, pour être traités là.
La fondation a pris en charge 19 000 enfants atteints de cancer l’an passé. S’appuyant aussi sur des hôpitaux publics, elle utilise les derniers protocoles américains, et véhicule ce slogan : « À Mahak, aucun enfant ne meurt faute d’argent, de médicament ou d’équipement ». Mais au sein du centre spécialisé, les choses ne sont pas si simples. Il faut se battre chaque jour pour prodiguer les meilleurs soins. Le directeur, Arasb Ahmadian, masque mal sa colère : « Les crises politiques ne devraient pas impacter le soin. Que ce soit la paix ou la guerre, le traitement des enfants ne doit jamais être interrompu ».
Équipement à l’arrêt faute de pièce détachée
L’hôpital Mahak a pourtant dû fermer une unité trois mois d’affilée, le temps d’acheminer une pièce détachée pour l’accélérateur en panne. Cinquante petits patients ont été reportés. « Nous avons un deuxième accélérateur, plus moderne, qui protège mieux les organes à risque, raconte le Dr Mithra Ghalibafian, chef de la radiothérapie, formée à Gustave Roussy (Villejuif). Mais on ne peut pas s’en servir : il manque un logiciel qu’on ne parvient pas à acheter ».
L’institut Royan, à Téhéran, est une autre fierté nationale. Ce centre de recherche biomédicale a reçu la visite du guide suprême, l’ayatollah Khamenei, et son feu vert pour mener des travaux tous azimuts. Clonage de brebis, naissance de chèvre transgénique, mais aussi médecine reproductive, utilisation de cellules souches adultes pour traiter l’infarctus ou les blessures cornéennes... Le budget est top secret, mais l’argent est là. Les sanctions bancaires aussi, qui compliquent tout. « Nous avons les machines, pas les kits, déplore le directeur, Pr Hamid Gourabi. Nos recherches n’ont pourtant rien à voir avec le nucléaire. Et nos résultats pourraient servir au monde entier ».
Le Pr Gourabi a écrit aux compagnies étrangères au lendemain de l’allégement des sanctions, pour savoir s’il pouvait racheter des kits. Il montre la réponse d’un industriel anglais : « The situation has not changed. Sorry... ».
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