Vitiligo

Les progrès de la prise en charge

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Publié le 16/01/2017
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VITILIGO

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Crédit photo : AFP

Parmi les traitements topiques ayant fait l'objet d'un consensus, les dermocorticoïdes figurent en bonne place. Immunomodulateurs et anti-inflammatoires, ils sont utilisés en première intention, dans les vitiligos localisés sur le corps et les membres (macules peu nombreuses). « La durée du traitement est de quatre mois. Les résultats sont excellents au niveau des zones photo-exposées, en cas de lésions récentes et de phototypes foncés », précise la Pr Laïla Benzekri (Rabat, Maroc). Les dermocorticoïdes ont de nombreux effets secondaires qui pourraient, désormais, être atténués avec deux nouvelles molécules : le furoate de mométasone et l’acétonate de méthylprednisolone. Les dermocorticoïdes peuvent, par ailleurs, être associés à la photothérapie et aux rétinoïdes pour prévenir l'atrophie épidermique mais aussi avec le calcipotriol pour entraîner une potentialisation de ces deux thérapeutiques.

Le rôle clé du tacrolimus

Le tacrolimus est le « gold standard » du traitement du vitiligo. Immunomodulateur, il entraîne une inhibition de la production de cytokines avec une modulation de la migration des mélanocytes. « On l'utilise surtout au niveau du visage et du cou, deux fois par jour, pendant au moins six mois et parfois plus d'un an », indique la Pr Benzekri. Les résultats sont similaires à ceux des dermocorticoïdes, mais les effets secondaires sont moins nombreux (sensation de brûlures au niveau des zones d'application). Le tacrolimus est connu, mais ce qui l'est moins c'est que pour entraîner une repigmentation cutanée plus rapide, il faudrait l'utiliser en occlusion avec des plaques hydrocolloïdes ou de polyuréthane. « Mais ce matériel est onéreux. Dans mon cabinet, j'utilise, à la place, de la cellophane, également très efficace », précise la Pr Benzekri.

Si le vitiligo s'améliore durant l'été, il récidive souvent en hiver. Cette dépigmentation cutanée secondaire peut être prévenue grâce à l'utilisation, deux fois par semaine, du tacrolimus à 0,1 %. « Ainsi, il faut non seulement traiter les lésions résiduelles, mais aussi continuer à traiter les lésions repigmentées avec le tacrolimus, pendant au moins six mois. Autre nouveauté : l'utilisation du tacrolimus en association au laser excimer, à l'exposition solaire ou à l'UVB 311 nm est intéressante, surtout pour la face et le cou », indique la Pr Benzekri. Lorsque le patient est très gêné d'un point de vue esthétique, par les lésions de vitiligo, un maquillage correcteur diaphane à base de lait ou de gel autobronzant peut lui être proposé.

Des traitements éprouvés

Le traitement de deuxième intention des petites macules ou de première intention lorsque les macules sont très nombreuses et expansives, est systémique. « Les mini-pulses par voie orale de prednisolone (2,5 mg par jour, deux jours consécutifs par semaine pendant trois à six mois) donnent de bons résultats : arrêt de la progression du vitiligo et initiation de la repigmentation. Ce traitement peut être associé à la photothérapie et au tacrolimus sur les zones photo-exposées. Un maquillage correcteur peut, en outre, être proposé pour améliorer l'aspect esthétique du vitiligo », affirme la Pr Benzekri. Enfin, outre les traitements topiques et systémiques, la photothérapie, le laser CO2 fractionné ou le traitement chirurgical du vitiligo peuvent être proposés en deuxième intention quand les lésions sont parfaitement stables et délimitées.

D'après la communication de la Pr Laïla Benzekri (Rabat, Maroc)

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9547