« L’idée n’est pas de faire de la délégation de tâches avec des infirmiers qui feraient ce qu’un médecin leur dirait de faire, mais de créer un nouveau métier au sein des services de médecine d’urgence », indique le Dr Youri Yordanov, MC-UPH aux urgences de l’hôpital Saint Antoine à Paris. Ce nouveau métier, c’est celui d’infirmier en pratique avancée (IPA) en médecine d’urgence, dont la création a été actée dans le Pacte de refondation de la médecine d’urgence, présenté fin 2019.
Avec l’épidémie de Covid, la mise en place de cette formation universitaire a été décalée et devrait intervenir en cette rentrée 2021. « Elle sera de deux ans. Cela signifie que les futurs IPA seront à bac + 5, soit la même durée de formation, par exemple, que des ingénieurs en aéronautique », précise le Dr Yordanov, en ajoutant que ces infirmiers pourront travailler aussi bien dans les services de médecine d’urgence qu’en régulation ou au Smur. Avec des tâches qui restent encore à définir de manière précise. « Mais il existe des pistes. On peut très bien imaginer qu’après un tri fait par l’infirmier organisateur de l’accueil (IOA), cet infirmier en pratique avancée pourra prendre en charge de A à Z un patient qui pourrait rentrer chez lui sans avoir été vu par un médecin. L’IPA pourrait donc poser un diagnostic mais ne pourra pas, en revanche, prescrire des médicaments de manière autonome », indique le Dr Yordanov.
Pour certains patients, plus complexes, l’IPA pourrait travailler en binôme avec le médecin. « Prenons par exemple un patient en détresse respiratoire dans le cadre d’un œdème aigu du poumon. Le médecin pourrait poser le diagnostic et initier avec l’IPA les premières thérapeutiques. Ensuite, l’IPA pourrait prendre le relais avec l’expertise pour adapter les posologies, installer une ventilation non invasive ou discuter de l’hospitalisation dans un service de l’hôpital », détaille le Dr Yordanov.
La création de ce nouveau métier pourrait offrir de nouvelles perspectives d’évolution pour des infirmiers ayant une solide expérience en médecine d’urgence. « Au quotidien, nous côtoyons tous des infirmiers et des infirmières qui sont dans le service depuis cinq, dix ou quinze ans. Aujourd’hui, ils ou elles n’ont que deux voies possibles pour évoluer et avoir davantage d’autonomie. La première est de quitter les urgences pour devenir infirmier anesthésiste diplômé d’état (IADE) et aller dans un bloc. La seconde est de devenir cadre et de quitter le soin pour une mission de management. L’idée, c’est désormais de proposer une alternative intéressante pour toutes celles et ceux qui veulent rester aux urgences et continuer à faire du soin », souligne le Dr Yordanov.
Entretien avec le Dr Youri Yordanov, MC-UPH aux urgences de l’hôpital Saint Antoine à Paris.
Article précédent
Les « docteurs juniors » bientôt sur le pont
Article suivant
Des voies de progrès pour les urgences cardiologiques
Les « docteurs juniors » bientôt sur le pont
IPA, un nouveau métier aux urgences
Des voies de progrès pour les urgences cardiologiques
Vers un service d’accès aux soins pour tous
Exégèse de la crise Covid pour les urgences
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique