AVEC DES PATIENTS hauts comme trois pommes, plusieurs lieux de consultations et quelques réunions avec les assistantes maternelles, des directrices de crèches ou d’école maternelle, la semaine d’un médecin de PMI est variée et bien remplie.
Dans la fonction publique territoriale, 70 % de ces praticiens sont à temps plein et ont souvent bien du mal à partir en retraite. Pourtant, la relève n’est pas assurée et les besoins explosent.
Pierre Suesser, président du syndicat national des médecins de PMI ne cache pas ses inquiétudes à échéance de 5 ou 10 ans en affirmant que la majorité des médecins de PMI ont entre 55 et 65 ans. « Qui assurera demain les consultations de nourrissons, de jeunes enfants, les bilans de santé dans les écoles, les crèches ? » s’exclame-t-il. Un risque de pénurie menace alors que la prévention et le dépistage prennent de l’ampleur.
Une aventure humaine quotidienne
La surveillance de la maltraitance, l’accompagnement des enfants et des familles face à des situations difficiles méritent pourtant que la relève soit assurée. Exercer en PMI est une aventure humaine quotidienne. « L’éducation à la santé peut nous conduire dans le cadre de la planification familiale à travailler avec des conseillers conjugaux, des infirmières scolaires qui interviennent dans les collèges pour parler de contraception et de sexualité avec les adolescents. »
Pierre Suesser insiste sur les interventions de plus en plus fréquentes auprès des parents en centres de PMI ou centres médicaux psychologiques. Parler des conduites à tenir, ne s’étonner de rien et surtout conseiller les parents face aux problèmes de santé, en situations difficiles, autant de missions que le médecin de PMI doit assurer ; tel un guide. Le soutien à la parentalité réclame bel et bien de l’écoute et du dialogue. « Notre rôle est d’amener à réfléchir ensemble les parents et les enfants sur les difficultés rencontrées pour en sortir », poursuit le Dr Suesser.
Formations, tutorats et de stages
Ils sont nombreux à mettre en avant la variété de leur exercice estimant être à l’avant-poste des situations délicates. Médecins de santé publique, pédiatres et gynécologues ont naturellement beaucoup plus de facilité à rejoindre la PMI.
Pourtant, tous les praticiens peuvent envisager de l’exercer à condition de se former. Sur le tard ou sur le terrain, plusieurs diplômes universitaires de santé et développement de l’enfant offrent cette possibilité même si des programmes de tutorat avec des médecins déjà en poste permettent aussi cette migration. Les jeunes médecins peuvent faire des stages, et les partenariats mis en place par quelques facultés facilitent déjà l’accueil d’internes de médecine générale en PMI en autonomie accompagnée.
Dans le département du Doubs, ces stages ouverts dès 2004 rencontrent un succès tel que la ville de Besançon ne peut plus satisfaire toutes les demandes, orientant les candidats vers d’autres départements. Un premier pas qui permet semble-t-il de transmettre la passion d’un métier peu ou mal connu ?
Le président du syndicat des médecins de PMI en est bien conscient. « La revalorisation de notre rémunération - nous demandons à être alignés sur le statut de médecin inspecteur de santé publique - et le fait que l’ordre ne reconnaisse pas la qualification de notre métier, restent deux obstacles inadmissibles, mais qui ne retirent rien au bonheur de cette profession », conclut Pierre Suesser.
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