La médecine d’urgence connaît, depuis maintenant quelques années, de profonds changements. Elle s’adapte en permanence aux enjeux sociétaux tout en gardant pour objectif de fournir une réponse médicale face à des situations d’urgences. Parmi les grands changements, une montée en compétences des infirmiers exerçant en structure d’urgences va être possible, grâce à la création de la mention « Médecine d’urgence » (MU) concernant les pratiques avancées. Ce nouveau métier va permettre à des infirmiers d’exercer en autonomie complète et/ou supervisés à la régulation, en Smur ou aux urgences. Au terme de sa formation, l’infirmier de pratique avancée (IPA) diplômée sera reconnu au grade universitaire de master 2. Pour pouvoir prétendre à cette formation de deux ans, le candidat devra justifier de trois ans d’exercices en tant qu’infirmier. La formation et le champ d’activité de cette nouvelle profession sont encadrés par le décret n° 2021-1 384 du 25 octobre 2021 et l’arrêté du 22 octobre 2021. Selon ces textes, L’IPA-MU est compétent pour prendre en charge un patient et établir des conclusions cliniques, dès lors qu’un médecin de la structure de médecine d’urgence intervient au cours de la prise en charge, pour des motifs de recours et situations cliniques présentant un moindre degré de gravité́ ou de complexité. L’IPA-MU aura toute latitude pour examiner, établir des hypothèses diagnostiques, demander et interpréter des examens complémentaires, mettre en place un plan thérapeutique et enfin préparer les ordonnances. Le seul prérequis est l’intervention d’un médecin à un moment de la prise en charge. L’IPA-MU devra aussi solliciter le médecin dès lors qu’il voudrait initier des thérapeutiques à prescription médicale obligatoire. Le champ de ces situations est assez large et les domaines dans lesquels, ils pourront appliquer ces compétences devraient être systématiquement définis localement, dans le cadre d’un projet professionnel individuel et d’un projet de service, en collaboration avec l’ensemble des professionnels intervenants (infirmiers, médecin, assistants de régulation médicale, aides-soignants, ambulanciers). De par la durée de la formation et la complexité pour les hôpitaux d’envoyer des soignants en formation, l’impact sur notre système de santé et plus particulièrement sur les services d’urgences, ne pourra se faire ressentir et être évaluable que dans quelques années. Il est majeur de se souvenir qu’il s’agit là d’un nouvel acteur, avec un ensemble de connaissances et de compétences spécifiques, qui va s’intégrer et s’articuler aux acteurs déjà existants, mais qui pourrait aider à repenser de façon innovante l’offre de soins en urgence.
Masson Infirmier Diplômé d’État – Infirmier de recherche clinique Service d’accueil des urgences, Pôle Urgences Médecine Aiguë, CHU de Grenoble Alpes
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