Une étude rétrospective a analysé un système de réorientation de patients mis en place dans les urgences d’hôpitaux du Québec (1). Dans ces services, les infirmières dites d’accueil et d’orientation (organisatrices de l’accueil aux urgences) identifient les personnes éligibles à une réorientation en fonction du motif de consultation et grâce à un algorithme médical validé : leur problème de santé doit présenter un faible niveau de gravité mais nécessiter une consultation médicale dans les 36 heures. Si les patients ne présentent aucune contre-indication et qu’ils sont d’accord pour être réorientés, ils sont dirigés vers une structure de soins primaire comprenant plusieurs médecins généralistes et des infirmières de pratique spécialisée (l’équivalent des infirmières de pratique avancée [IPA] en France).
« L’idée est d’identifier le patient aux urgences et de lui attribuer un rendez-vous précis avec un médecin dans un centre de santé. L’objectif étant que les patients réorientés –s’ils n’ont pas de médecin traitant ou s’ils ne connaissent pas bien le système de soins– puissent continuer à être suivis dans ce centre pour d’autres problèmes de santé », explique la Dr Anne-Laure Féral-Pierssens, médecin urgentiste à l’hôpital Avicenne et au Samu 93 (Bobigny). La stratégie québécoise permet d’insérer le patient dans un parcours de soins clair. Il ne s’agit pas de maisons médicales de garde avec des consultations ponctuelles.
Néanmoins, il n’existe pas, à ce jour, de consensus sur le mode d’identification des personnes éligibles à la réorientation ou sur le poids de cette stratégie sur le problème de l’engorgement des urgences. Selon une étude présentée au congrès, l’effet principal du système de réorientation québécois est de diminuer le nombre de patients partis des urgences sans avoir vu un médecin. En revanche, cela ne modifie pas le temps passé aux urgences. « La réorientation n’est pas la solution idéale et unique au problème de l’engorgement des urgences. Notre préoccupation, en tant qu’urgentiste, c’est que le patient soit pris en charge et examiné de façon sécuritaire par le bon professionnel. Pour cela, il faut favoriser la collaboration entre les urgences des hôpitaux et les structures en ville en organisant des parcours clairs, précis et accessibles à tous (maisons de santé, CPTS...) », considère la Dr Féral-Pierssens.
Entretien avec la Dr Anne-Laure Féral-Pierssens (Bobigny)
Article précédent
La iatrogénie, aux urgences aussi
Article suivant
Valoriser l’échographie aux urgences
Les urgentistes pour la généralisation du service d’accès aux soins
Pour une meilleure analgésie aux urgences
Le trauma crânien revu et corrigé
Scorer la douleur thoracique
La iatrogénie, aux urgences aussi
Réorienter les patients de faible gravité
Valoriser l’échographie aux urgences
Des recommandations pour l’accouchement inopiné hors maternité
Les avantages de la visiorégulation
Les infirmières de pratique avancée aux urgences
Les SMS du congrès Urgences 2022
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique