En poste depuis 5 mois

Le Pr Harousseau veut une Haute Autorité de santé plus réactive

Publié le 17/06/2011
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UN JOLI cadeau de Noël ? En tout cas, c’est juste avant le 25 décembre que le Pr Jean-Luc Harousseau s’est vu proposer de prendre la direction de la Haute Autorité de santé (HAS). Un poste qui, évidemment, ne se refuse pas. « En fait, tout s’est fait très vite puisque ma prise de fonctions était prévue pour le 1er février », précise ce professeur d’hématologie clinique qui, avant de rejoindre la HAS, assurait la direction générale du Centre de lutte contre le cancer René Gauducheau à Nantes.

En poste depuis cinq mois, le Pr Harousseau s’est fixé un programme d’actions articulé autour de trois mots clés : réactivité, lisibilité et complémentarité.

Sa première mission va donc être de rendre la HAS plus réactive. « Nous avons des missions lourdes et donc une très grosse charge de travail. Mais c’est vrai qu’on nous fait régulièrement le reproche de ne pas aller assez vite dans la publication de nos recommandations ou de textes très attendus par les professionnels. Je souhaite donc que nous puissions répondre aux demandes qui nous sont faites dans un délai qui ne soit pas supérieur à deux ans », indique le Pr Harousseau, tout en soulignant la nécessité de garder la même rigueur dans l’élaboration des documents produits par la HAS. « Si cette institution est devenue une référence, c’est bien sûr en raison de la qualité et de la rigueur scientifique de ses travaux. Il n’est pas question que nous perdions cette rigueur en voulant aller plus vite. »

La deuxième priorité est de faire un effort de lisibilité dans les documents destinés aux professionnels de santé. « On nous fait parfois la critique de faire des recommandations trop compliquées et pas assez pratiques. Nous allons travailler sur ce point car il est évident que cela ne sert à rien de faire des recommandations si elles ne sont pas utilisées par les professionnels », explique le Pr Harousseau, qui souhaite donc aussi renforcer la complémentarité de la HAS avec les autres institutions sanitaires. « La HAS est parfois perçue comme isolée dans sa tour d’ivoire alors qu’elle travaille pourtant avec tous les acteurs du monde de la santé : les directions du ministère, les agences sanitaires, les professionnels et les associations de patients », souligne le Pr Harousseau, en faisant part de sa volonté de poursuivre la politique de coopération avec les collèges professionnels, initiée par son prédécesseur, le Pr Laurent Degos. « C’est un mouvement indispensable qui ne prendra que de l’importance avec le développement professionnel continu (DPC). »

Les recommandations passées à la loupe.

Nul ne peut non plus ignorer que le Pr Harousseau a pris ses fonctions en pleine tourmente sanitaire, en raison de l’affaire du Mediator. Une de ses priorités est donc de renforcer la transparence au sein de la HAS et d’améliorer la gestion des conflits d’intérêts. Prenant acte d’une récente décision du Conseil d’État, saisi par le Formindep, la HAS a été obligée de retirer une recommandation sur le diabète de type 2, la déclaration publique d’intérêts de l’ensemble des experts du groupe de travail n’ayant pas été exhaustive. Sans attendre une autre décision du Conseil d’État, la HAS a décidé de retirer une recommandation sur la maladie d’Alzheimer, mise en cause également pour le même motif. « Cette question des conflits d’intérêts a toujours été essentielle pour la HAS qui, dès sa création, a mis son indépendance en tête de ses préoccupations. Notre mission est de délivrer des avis scientifiquement validés qui ne puissent pas faire l’objet du moindre soupçon. Depuis six ans, de nombreuses actions ont été mises en place avec notamment la constitution d’un groupe indépendant de déontologie présidé par le conseiller d’État Christian Vigouroux. Il y a eu aussi la rédaction d’un guide de gestion des conflits d’intérêts, qui a été renforcé en 2010 », explique le Pr Harousseau, qui souhaite maintenant aller plus loin.

La HAS va ainsi lancer une analyse de toutes les recommandations élaborées entre 2005 et 2010 pour vérifier qu’elles sont conformes aux règles en matière de déclarations publiques d’intérêts. Dans un souci de transparence, les débats de la Commission de la Transparence seront aussi retransmis prochainement sur son site Internet. Enfin, en 2012, la HAS fera procéder à un audit externe de ses procédures de gestion des conflits d’intérêts.

D’après un entretien avec le Pr Jean-Luc Harousseau, président du Collège de la Haute Autorité de santé.

A. D.

Source : Bilan spécialistes