Les multiples intérêts de l’autocontrôle glycémique

Publié le 04/07/2013
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« L’on est passé d’un autocontrôle trop systématique, parfois aléatoire (sans horaire, sans but, sans compréhension), anxiogène ou très vite abandonné, à l’automatisme inverse… À la clé, moins de prescription de lecteurs et moins d’autosurveillance », regrette le Pr Halimi. Un effet indésirable de la restriction de l’accès aux bandelettes, 200 par an pour un diabète de type 2 (pour une glycémie tous les deux jours environ), une règle pourtant adaptable pour, par exemple, les patients dont on discute la mise sous insuline.

« L’autosurveillance ne doit s’exercer systématiquement que lorsqu’effectivement on en attend des retombées sur la prise en charge », souligne-t-il. Elle est donc indiquée quand un patient sous antidiabétique oral (ADO) est susceptible de faire des hypoglycémies, d’autant qu’il est plus âgé et/ou insuffisant rénal. Le lecteur permet d’étiqueter une sensation de malaise, hypoglycémique ou non.

Un quadrant de surveillance.

L’autocontrôle est toutefois utile plus en amont de la maladie, puisque le diabète est longtemps asymptomatique (souvent jusqu’à 3 g/l de glycémie), le lecteur la rendant symptomatique. Il est alors pédagogique en ce qu’une lecture à un rythme régulier et à des horaires variés renseigne sur ce que le patient mange (la façon dont il réagit à un dessert, pris à la fin d’un repas ou en milieu d’après-midi), bouge, sur les événements intercurrents ; il réalise une sorte de « quadrant de surveillance ».

Le lecteur peut aussi être nécessaire à certains moments de la vie du patient, de potentiel déséquilibre glycémique, dans le sens d’une hyperglycémie (épisode septique, corticothérapie, etc.). Il informe sur l’évolution des glycémies dans le temps et objective une dérive avant un prochain rendez-vous d’hémoglobine glyquée. L’autocontrôle également, qui dessine un profil glycémique, prépare à la gestion de l’insuline. Enfin, bien sûr, le lecteur est indispensable une fois l’insuline entrée dans le schéma de traitement, quand l’hémoglobine glyquée s’élève et les ADO à la dose maximale.

Des consignes précises.

Des consignes précises doivent être données sur le moment de ces glycémies. La glycémie à jeun est irremplaçable (pour la titration d’insuline notamment (la dose d’insuline du soir est-elle suffisante ?), mais celle du milieu d’après-midi sous sulfamide hypoglycémiant pour mettre en évidence une hypoglycémie, ou une glycémie postprandiale sont aussi riches d’enseignements. À cette glycémie à jeun tous les jours, une fois l’insuline instaurée, on ajoute au moins une à deux glycémies par jour ou plusieurs fois par semaine pour explorer tous les horaires de la journée et éventuellement prescrire une injection supplémentaire d’insuline rapide dans la journée.

Toutes ces informations (glycémies, prise de médicament et/ou insuline, commentaires) sont colligées par le patient sur un carnet, support de la consultation et de dialogues constructifs avec un médecin qui apprécie ce travail et le dissèque pour mieux construire l’alliance thérapeutique.

* Liens d’intérêt du Pr Halimi : avec la plupart des firmes qui fabriquent du matériel d’autosurveillance et les médicaments du diabète

 Dr BRIGITTE BLOND

Source : Le Quotidien du Médecin: 9256