QU’IL Y AIT un antidiabétique per os associé ou non, l’alimentation fait partie intégrante du traitement. Elle doit être variée, équilibrée, selon les préceptes du Programme National Nutrition Santé (PNNS) qui valent pour la population en général, en prévention primaire comme en prévention secondaire, pour une personne en bonne santé comme pour un coronarien, et y compris les diabétiques de type 1 ou 2 : moins de matières grasses ajoutées, sucres en quantité limitée (si effectivement la consommation initiale était trop importante), davantage de fruits et légumes, pain et céréales à chaque repas, légumes secs, etc. Des règles de bons sens, qualitatives et de variété, qui encadrent le contenu de l’assiette.
Des habitudes ancrées depuis un demi-siècle.
Reste le « comment ? ». « Comment en effet modifier des habitudes alimentaires ancrées depuis plus d’un demi-siècle (les diabétiques de type 2 ont plus de 50 ans en moyenne) », souligne Christine Kavan. On ne mange pas que pour se nourrir, ou pour des raisons de santé. On mange encore, et possiblement mal, en fonction de ses aléas psycho-affectifs, de ses ressources, de son mode de vie, etc. Ainsi, si l’on reste exclusivement sur le mode de la connaissance (de l’équilibre alimentaire, pas trop de graisses et moins de sucres, etc.), sans s’intéresser au patient lui-même, à ce qu’il mange, comment et pourquoi, les chances de suivi des recommandations sont minces…
Or l’équilibre alimentaire n’empêche pas le plaisir et la convivialité ; par ailleurs, il peut s’évaluer sur une période plus longue, au-delà de la journée, pour une plus grande souplesse et une meilleure adaptation aux besoins de chacun.
En pratique, attention à ne pas induire lors de cette éducation thérapeutique une restriction cognitive qui ne peut être maintenue dans la durée, est parfois à l’origine de troubles du comportement alimentaire, et à la clé contre-productive puisqu’elle fait prendre du poids (rapport de l’Anses de novembre 2010 sur les dangers des régimes*).
Il s’agit donc d’aider la personne diabétique à repérer les facteurs qui influencent son comportement alimentaire, le « pourquoi elle mange ? » (faim, envie, règles fixées, stress, émotion) et le « comment elle mange ? » (vite, seule ou accompagnée, avec plaisir ou non, devant la télévision ou distraite de son repas par une autre activité parasite, etc.), l’objectif étant de restaurer un contrôle sensoriel de son comportement alimentaire.
Il est possible de s’appuyer sur un carnet alimentaire, tenu par le patient et reflétant les différentes composantes de la prise alimentaire, avec des données factuelles assorties de commentaires sur les circonstances de la prise. De là, un travail introspectif, sur les sensations alimentaires (faim, rassasiement, satiété), sur l’utilisation des cinq sens pour la dégustation et leur impact sur le plaisir et la satisfaction, peut se mettre en place et permet souvent de diminuer spontanément les quantités consommées.
Marcher, monter les escaliers, jardiner...
Hors l’assiette, l’hygiène de vie inclut l’activité physique où plutôt que de pratiquer un véritable sport (une consigne peu réaliste), l’on intègre de l’activité dans la vie quotidienne (marche, escaliers, ménage, jardinage, etc.). Ce temps d’activité modérée est à la fois bon pour le moral (il limite les grignotages réconfortants) et pour la dépense énergétique (qu’elle augmente un peu), ce qui permet d’agir plus efficacement sur l’insulinorésistance.
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