UNE FEMME diabétique n’est pas si différente d’un homme… en dehors de cette situation particulière de la grossesse ! Une contraception hormonale est aussi rendue plus difficile en cas d’anomalie du profil lipidique comme de la glycémie. Diabète de type 1 ou 2, aucun estrogène n’est en effet autorisé sauf pour des périodes très courtes. On préfère ici une contraception progestative pure, macro ou microprogestative selon l’âge, ou bien sûr un dispositif intra-utérin. Enfin, le syndrome prémenstruel peut perturber l’équilibre glycémique vers le haut (le plus souvent), mais encore vers le bas (hypoglycémies à la clé).
« Toutefois, l’enjeu majeur est celui des 80 000 à 100 000 femmes par an qui développent un diabète gestationnel (DG), faute de pouvoir augmenter leur sécrétion d’insuline, une adaptation nécessaire en raison de la diminution de la sensibilité à l’insuline, physiologique pendant la grossesse », souligne le Pr Altman. Un nombre croissant de DG lié notamment à l’incidence élevée de surpoids, à l’âge plus avancé au premier enfant et aux antécédents familiaux de diabète.
Une prise en charge rapprochée réduit le risque immédiat pour le fœtus et sa mère certes, mais surtout influe sur les conséquences à moyen et long terme : « 30 % des DG deviennent sinon d’authentiques diabètes de type 2 dans les 10 ans », souligne-t-il. Or les femmes sont à cette période des cibles idéales pour la prévention, parce qu’à l’écoute et motivées ; le défaut de prise en charge serait une perte de chance… et la découverte de ce diabète, alors une opportunité manquée.
Pour l’enfant également, le repérage d’un DG et le retour à l’équilibre glycémique pendant la grossesse sont indispensables. Nés d’une mère souffrant d’un DG, ils ont plus tôt que les autres un surpoids, un diabète, une hyperlipidémie parce qu’ils sont porteurs des gènes de leurs ascendants, leur environnement éducatif est délétère et l’épigénétique en leur défaveur (la déméthylation des chromosomes produite par l’atmosphère sucrée est un facteur de surrisque de diabète).
C’est dire l’intérêt d’une prise en charge dès le dépistage, habituellement entre la 24 et 28e semaine (dès le premier trimestre en cas de facteurs de risque, tels que l’âge, de plus de 35 ans, un IMC supérieur à 25, des antécédents personnels ou familiaux de DG ou de diabète de type 2), et d’une surveillance après l’accouchement (au moins au 3e mois) pour s’assurer que le retour à la normale glycémique est pérenne.
La télésurveillance.
« La télésurveillance par échange de courriels, comme nous la pratiquons au sein du programme Diabgest, est un excellent outil de suivi où ces mères " similaires ", de 30 ans environ, veillent à leur alimentation, pratiquent l’autosurveillance glycémique (6 glycémies par jour, rythmées par les repas) et reçoivent de l’insuline (dans un tiers des cas environ) », observe-t-il.
Enfin, « le diabète de type 1 qui était autrefois une contre-indication à la grossesse, ne l’est plus et les enfants nés de mères diabétiques de type 1 sont en bonne santé et n’ont pas plus de malformation que les autres, rassure le Pr Altman, à condition que ce diabète soit pris en charge au plus près et les glycémies parfaites, dès la préconception ».
Pr Jean-Jacques Altman: pas de liens d’intérêt.
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