Dès les années 1980, quelques publications de type « case-report » ou portant sur de petites séries avaient rapporté les bénéfices à court terme de l’utilisation ponctuelle d’une pompe à insuline chez des patients diabétiques de type 2 en échec de multi-injections d’insuline. Les études cliniques rigoureuses sont restées peu nombreuses et leurs résultats contradictoires étaient très probablement liés à la variabilité des critères de sélection des patients. « Notre expérience au CHU de Caen sur plus de 160 patients, suivis en moyenne cinq ans et pour certains plus de 10 ans avait également souligné l’intérêt de cette approche chez des diabétiques de type 2 mal contrôlés par un traitement intensifié par multi-injections, souvent obèses et avec une insulinorésistance marquée, rapporte le Pr Yves Reznik. Le bon contrôle durable de la glycémie était obtenu sans augmentation des doses totales d’insuline ni effet indésirable majeur (peu d’hypoglycémies et une prise de poids modérée sous pompe). Cette large expérience nous a permis d’identifier les diabétiques tirant le plus grand bénéfice de la pompe à insuline. Il s’agit en pratique de ceux dont l’HbA1C reste supérieure à 8 % malgré de fortes doses d’insuline (1 unité/kg/j) ».
HbA1c entre 8 et 12 % à l’inclusion
C’est sur la base de ces données qu’a été conçue l’étude OPT2MISE, réalisée grâce au soutien du laboratoire Medtronic. Plus de 300 patients ont été inclus (168 sous pompe et 163 sous multi-injections) dans cette étude multicentrique internationale (Europe, Canada, Etats-Unis, Israël, Afrique du Sud). À l’inclusion, l’HbA1c était comprise entre 8 et 12 % (9% en moyenne) et la dose d’insuline était en moyenne de 1 U/kg/jour.
Les résultats à 6 mois (1) confirment les bénéfices de la pompe à insuline chez ces patients, avec une différence de 0,7 % de réduction de l’HbA1c (baisse de 1,1 % sous pompe versus 0,4 % sous multi-injections), sans hypoglycémies supplémentaires ni prise pondérale plus importante sous pompe qu’avec les multi-injections. Les données à un an seront présentées en 2015 lors du congrès de l’American Diabetes Association.
« Il s’agit d’une nouvelle indication d’un traitement déjà utilisé dans le diabète de type 1, dont la place exacte dans le diabète de type 2 n’est pas encore reconnue dans les recommandations internationales sur les stratégies thérapeutiques de l’hyperglycémie. Avec OPT2MISE, la pompe à insuline doit désormais rentrer dans l’arsenal thérapeutique du diabète de type 2 » poursuit le Pr Reznik. Il importe que les praticiens se forment à son utilisation dans cette nouvelle indication, ce qui passe par une bonne sélection des patients et par une redéfinition des objectifs techniques et opérationnels, qui diffèrent de ceux adoptés dans le diabète de type 1. Il faudra dans le futur évaluer la place de l’association à la pompe à insuline des antidiabétiques oraux, notamment la metformine et les analogues du GLP-1, ainsi que celle des insulines plus concentrée dans les pompes ».
D’après un entretien avec le Pr Yves Reznik, CHU, Caen.
(1) Reznik Y et al. The Lancet, Early online publication 3 juillet 2014. doi: 10.1016/S0140-6736(14)61037-0.
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