Le projet VolatolHom

Dis-moi ce que tu exhales…

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Publié le 23/01/2020
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L’analyse des composés volatiles de l'air expiré ou VOCs (Volatile Organic Coumpounds) fait partie de ces outils particulièrement innovants en médecine prédictive, qui pourrait permettre d’identifier de manière non invasive les patients Atteints d’asthme à éosinophiles sévère, susceptibles de répondre à un traitement par anticorps monoclonaux.

Crédit photo : phanie

L’asthme sévère à éosinophiles qui concerne 30 000 à 35 000 personnes en France, peut bénéficier d’anticorps monoclonaux anti-IL 5/R-IL 5, vis-à-vis desquels environ deux tiers des malades sont répondeurs. Mais la réponse ne s’obtient qu’après 3 à 4 mois de traitement, soit 3 à 4 injections. Or ces médicaments sont coûteux (1 000 euros par injection) et jusqu’ici on ne dispose pas de facteurs prédictifs fiables de la réponse thérapeutique, un taux d’éosinophiles sanguins supérieur à 300/mm3 n’étant qu’un marqueur de faible qualité. Des données récentes montrent que les malades avec ce type d’asthme avaient des profils moléculaires similaires lors de l’analyse des VOCs exhalés, ce qui pourrait permettre de distinguer répondeurs et non répondeurs avant la mise sous traitement.

L’analyse des composés organiques volatils est une technique strictement non invasive, consistant à réaliser une expiration forcée. Il s’agit d’analyser par un spectromètre de masse toutes les molécules exhalées. Compte tenu du nombre de ces composés (plusieurs centaines par mesure soit plusieurs millions après réalisation de plusieurs mesures pour les malades étudiés ainsi), le projet VolatolHom associant l’Hôpital Foch et l’Université Paris Saclay, avec le Service de Pneumologie (Dr Hélène Salvator et Pr Louis-Jean Couderc) et l’équipe du Pr Philippe Devillier (Directeur de Recherche en Pharmacologie Expérimentale et Clinique avec Stanislas Grassin Delyle et Emmanuel Naline) a nécessité un partenariat avec le Commissariat à l'Energie Atomique (Étienne Thevenot) pour l’analyse des signaux fournis en très grand nombre afin d’élaborer des algorithmes susceptibles de repérer les molécules pertinentes. Ces molécules seront « sélectionnées » pour réaliser ensuite un capteur spécifique qui sera utilisé dans un nez électronique, dispositif existant déjà, et dont le groupe évalue plusieurs modèles.

Ce protocole d’étude appelé Zina-VOC cherche à identifier les marqueurs prédictifs précoces de la réponse aux anticorps monoclonaux, avec un coût qui serait très rapidement amorti si l’hypothèse de travail se vérifie. L’essai est en cours, avec actuellement 40 patients inclus depuis un an.

Ce type de raisonnement pourrait être aussi utilisé dans d'autres domaines de la Pneumologie : l’Oncologie thoracique pour évaluer les réponses aux immunothérapies antitumorales, la transplantation pulmonaire pour détecter le rejet. Des essais sont menés dans ces autres indications par l’équipe, regroupée sous le nom de la plateforme Exhalomics. D’autres thématiques seront prochainement à l’étude : choc septique dans lequel la volatolomique est une des composantes analysées parmi de nombreuses o-mics, mucoviscidose.

D’après un entretien avec le Pr Louis-Jean Couderc, Hôpital Foch (Suresnes)

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin