La sarcopénie, un risque de dépendance

Publié le 10/06/2014
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Crédit photo : PHANIE

Phénomène universel lié au vieillissement, la sarcopénie affecte le sujet âgé au quotidien. Elle ralentit la vitesse de marche, affaiblit l’endurance, rend les levées de lit ou de siège plus difficiles et majore le risque de chutes accidentelles. Cette dégénérescence progressive du tissu musculaire débute dès l’âge de 30 ans et s’accélère vers 50 ans (1). La perte de masse musculaire est estimée en moyenne à 30 % entre 50 et 80 ans (soit une baisse de 1 % par an).

Par ailleurs, 25 % des personnes de plus de 70 ans et 40 % des plus de 80 ans seraient sarcopéniques (2). Ce qui entraîne des conséquences fonctionnelles importantes. « Il suffit parfois d’un épisode médical difficile (patient alité, inflammation, stress, perte d’appétit…) pour qu’une personne âgée atteinte de sarcopénie perde rapidement son autonomie », souligne le Dr Raynaud-Simon, chef du département de gériatrie Bichat -Beaujon, à Paris.

Halte à l’obésité sarcopénique

La sarcopénie se traduit par une perte de masse et de force musculaires dont les conséquences s’aggravent avec l’âge. Cette baisse de la force produite par les muscles – observée aussi bien chez les hommes que chez les femmes, pour les muscles des membres supérieurs et inférieurs et pour tous les modes de contraction du muscle – est délétère. De fait, la force et la masse musculaires sont des facteurs pronostics importants. « Chez un patient âgé, la masse musculaire est plus importante que le poids corporel total pour prédire l’espérance de vie dans les cinq à six années. Par ailleurs, le fait d’avoir une surcharge pondérale ou une obésité n’empêche pas la survenue d’une sarcopénie. Les personnes qui sont à la fois obèses et sarcopéniques sont même une population particulièrement à risque de perte d’autonomie ; leur faible masse musculaire ayant des difficultés à mobiliser leur poids corporel total », indique le Dr Raynaud-Simon.

Le diagnostic de la sarcopénie repose sur l’évaluation de la masse musculaire (quantifiable par des mesures anthropométriques, par impédancemétrie ou absorptiométrie biphotonique [DEXA], de la force musculaire [estimée par la force de préhension]) et de la performance physique (vitesse de la marche, lever de chaise, get-up-and-go).

L’intérêt de l’activité physique

Il est impossible, aujourd’hui, de définir un seuil en dessous duquel la perte de force et de masse musculaires rend difficile la réalisation de mouvements simples, compatibles avec une parfaite autonomie et un confort de vie. Mais une chose est sûre : l’activité physique régulière, même modérée et débutée à un âge avancé, est toujours bénéfique. Elle permet de lutter efficacement contre la sarcopénie. « Il est aujourd’hui démontré que les personnes âgées qui pratiquent régulièrement l’activité physique vivent plus longtemps que celles qui sont sédentaires », précise le Dr Raynaud-Simon.

L’activité physique peut être réalisée grâce aux activités de la vie courante (jardinage, bricolage, déplacements à pied…) et lorsque l’état du patient le permet, dans le cadre de programmes de musculation adaptés, avec des charges faibles à modérées. « Il faut également conseiller au patient sarcopénique des apports en protéines d’origine alimentaire, riches en acides aminés essentiels. Ces protéines seront apportées pendant les repas, mais aussi en phase de récupération des séances de musculation. Dans ce contexte, il faudra privilégier des protéines de haute qualité, rapidement digestibles, riches en leucine (protéines du lactoserum, retrouvées dans le lait et les produits laitiers) », assure Xavier Bigard, vice-président de la Société française de médecine, de l’exercice et du sport.

(1) Munro HN. Adaptation of body protein metabolism in adult and aging man. Clin Nutr. 1982;1:95-108.

(2) Boirie Y. Physiopathological mechanism of sarcopenia. J Nutr Health Aging. oct 2009;13(8):717-23.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Nutrition