Produit de comportements qui tendent à rechercher et à maintenir la proximité avec une personne spécifique, l’attachement est un système inné et primaire qui se développe dans les premières années de vie et qui correspond à une stratégie adaptative de l’individu (1). En clair, le besoin de rentrer en contact avec autrui est inné. On distingue principalement deux grands types d’attachement : sécure et insécure. Lorsque la sécurité émotionnelle d’un couple est mise à mal, le système d’attachement de chacun des partenaires s’active, ce qui entraîne, en fonction du style d’attachement de chacun, des comportements réactionnels. Ainsi, si cet attachement est de type insécure, il peut engendrer des comportements de types anxieux ou évitants.
Le type anxieux correspond à une hyperactivation du système d’attachement – personne qui s’accroche, qui poursuit son conjoint, le harcèle pour déclencher une réponse émotionnelle qui va la rassurer). Le type évitant est plutôt une désactivation du système d’attachement – la personne se replie sur elle-même, se détache émotionnellement, n’exprime pas ses besoins et minimise sa détresse.
Est-ce que ces types d’attachement influencent la sexualité des jeunes ? Peu d’études existent sur le sujet mais certaines sont très intéressantes. Ainsi, une enquête sur 2 000 répondants hétérosexuels (hommes et femmes) de moyenne d’âge légèrement supérieure à la moyenne. Ce travail a montré, à l’aide d’échelles d’attachement validées, qu’un style d’attachement anxieux est corrélé de manière positive et significative aux motivations sexuelles telles que la recherche de proximité émotionnelle, la réassurance, le renforcement de l’estime de soi et la réduction du stress ; faire l’amour, c’est se protéger de la mauvaise humeur de son partenaire. Le style d’attachement évitant est corrélé de manière négative à la recherche de proximité et à la réassurance ; faire l’amour, c’est s’attirer les bonnes grâces de son partenaire.
Rendre le couple plus sécure
Une autre étude sur 273 couples franco-canadiens a montré des réponses concordantes. Les hommes et les femmes ayant un score d’anxiété élevée rapportent une fréquence plus élevée de rapports sexuels si le partenaire présente lui aussi un score d’anxiété élevée. Lorsqu’un homme et une femme ont un score d’évitement élevé, la fréquence des relations sexuelles est diminuée. Enfin, lorsque l’homme a un score d’évitement élevé, il a significativement moins de rapports sexuels si la partenaire a un taux d’anxiété élevé.
On sait que les styles d’attachement sont relativement stables dans le temps mais que leur activation peut varier en fonction des expériences vécues.
Du point de vue thérapeutique, quand un jeune couple consulte pour manque de désir de l’un ou l’autre, il semble intéressant de déterminer les types d’attachement de chacun et de les amener à une compréhension mutuelle avec pour objectif de développer au sein de leur couple de nouveaux comportements autres que sexuels afin de créer un lien qui va mieux répondre à leurs besoins en termes d’attachement, de les rendre plus sécure dans ce lien, de leur permettre de libérer leur sexualité.
D’après les communications du Dr Madeleine Gérardin, médecin sexologue, Nîmes et du Dr Marie-Hélène Colson, médecin et sexologue, Marseille
(1) J. Bowlby, 1969
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