Il faut accepter que certaines personnes n’aient pas d’autre solution que de pouvoir dire ce qu’elles sont et d’arriver à le vivre. La société n’a pas à se poser en censeur.
On se sent de sexe mâle ou femelle bien avant les influences culturelles. La transidentité en est la preuve. Il y a de l’inné là-dedans. Quand ce ressenti ne correspond pas à l’apparence physique, l’individu souffre. Le terme transsexuel désigne la transition d’un sexe vers un autre, mais non une sexualité. Ceci dit, de la même manière que dans la population courante il y a des homosexuel(le)s et des hétérosexuel(le)s, il peut y avoir des transsexuels femmes vers hommes – qui se vivent comme des hommes – qui soit aiment les femmes, soit aiment les hommes.
Un homme qui se transforme en femme se vit comme une femme et peut tomber amoureux d’un homme ; un couple apparemment hétérosexuel va alors se former. Mais avant d’être une femme, il était biologiquement et physiquement un homme ; on peut donc dire qu’il s’agit d’un couple homosexuel. Mais un homme qui se transforme en femme peut aussi aimer les femmes. Il va construire visuellement un couple lesbien alors qu’au fond on peut parler d’un couple hétérosexuel.
Il faut peser ses mots avant de catégoriser. « Tout dépend du côté où on se place pour nommer les choses, déclare le Dr Mireille Bonierbale. Quelle que soit l’identité sexuelle, l’orientation est variable comme dans la population courante ».
Travail pluridisciplinaire
Il existe des équipes référentes pluridisciplinaires avec psychiatre, endocrinologue, chirurgien et psychologue, qui accueillent les personnes qui pensent être du sexe différent de leur corps et qui en souffrent*. La mission d’une telle équipe est d’éliminer des facteurs psychiatriques ou environnementaux qui pourraient expliquer ce ressenti et, devant une grande souffrance et la volonté d’un individu, d’accompagner la personne sur le chemin de la transformation afin de la mettre en conformité hormonale et chirurgicale avec son identité ressentie.
« Si l’évaluation est bien menée, ces individus renaissent à eux-mêmes lorsque leur corps est transformé, souligne le Dr Bonierbale. L’évolution favorable de la culture actuelle est de ne pas se positionner en tant que censeur mais d’accepter que si il n’y a pas d’autre solution pour un individu donné que de pouvoir dire ce qu’il est et d’arriver à le vivre, personne n’a le droit de juger ». Mais gardons à l’esprit que le transsexualisme ne peut pas être banalisé. La démarche de prise en charge est délicate, elle est assimilable à un puzzle, qui ne veut plus rien dire dès lors qu’il manque une pièce.
Entretien avec le Dr Mireille Bonierbale, psychiatre-sexologue, Marseille.
*Un diplôme interuniversitaire de prise en charge du transsexualisme a été créé en juin 2013.
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