Touchant près d’un tiers de la population adulte en France, la maladie veineuse suit un
« gradient social », certaines catégories de salariés étant plus exposées compte tenu de conditions de travail plus pénibles. La station debout prolongée est, en effet, un facteur de développement de problèmes veineux, de même que l’exposition permanente à la chaleur ou le port de charges lourdes. La grande majorité (85 %) de la population souffrant de maladies veineuses serait ainsi constituée « de femmes plutôt âgées aux revenus modestes » selon une étude conduite par l’économiste de la santé Claude le Pen.
Malgré cela, la prise en charge financière de cette maladie est de plus en plus limitée. Depuis 2008, les veinotoniques sont en effet totalement déremboursés. Cette mesure a profondément modifié leur consommation comme l’avait anticipé une étude du CRESGE (université catholique de Lille). Ce travail avait réalisé une évaluation expérimentale des changements d’attitude thérapeutique des généralistes confrontés à l’hypothèse d’un déremboursement des veinotoniques. Il mettait en évidence des changements notables puisque la prescription n’était maintenue que dans 37 % des cas. L’abandon des veinotoniques se traduisait par un report de prescription dans 42 % des cas, principalement vers des AINS ou des antalgiques (52 % des reports), une orientation vers le spécialiste (35 %) et un recours à la compression élastique (22 %).
Des prises en charge plafonnées
Or si cette dernière reste pour le moment prise en charge à 60 %, le nombre de remboursements annuels est plafonné par la Cnamts à deux paires par semestre avec, cependant, une certaine tolérance. La sclérothérapie n’est pas tellement mieux lotie car si l’acte en lui-même est remboursé, les produits utilisés restent à la charge du patient. Même constat pour les techniques d’ablation thermique « modernes » dont le remboursement reste limité à certaines indications et techniques spécifiques.
Autant d’éléments qui contribuent à faire du traitement de la maladie veineuse un « luxe » alors même que cette pathologie touche plus volontiers des populations souvent défavorisées.
Article précédent
Les disparités sociales sont-elles solubles dans la ROSP ?
Article suivant
Et dans la vraie vie, ça se passe comment la prévention ?
Vaccination, l’exception qui confirme la règle ?
Pathologies cardio-vasculaires : le mal de la France d’« en haut »
Le diabète, une maladie emblématique des ISS
« Etre égalitaire ne signifie pas être équitable »
Dis-moi combien tu gagnes, je te dirai comment tu vas !
Douleur chronique, moins de disparités régionales, mais…
Les disparités sociales sont-elles solubles dans la ROSP ?
Maladie veineuse, la double peine ?
Et dans la vraie vie, ça se passe comment la prévention ?
Gynécologie : des inégalités intra-genre…
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation