L’approche des accidents cardio-vasculaires (CV) en phase aiguë est désormais en France globalement homogène, en dehors de quelques territoires géographiquement isolés. Par contre, la prise en charge des facteurs de risque au regard des facteurs psychosociaux fait ressortir de larges inégalités en fonction des régions et des niveaux socio-économiques. Plus inquiétant, ce sont les populations les plus exposées qui profitent le moins des progrès réalisés sur la morbi-mortalité cardio-vasculaire.
En effet, si la mortalité prématurée par maladie CV (pathologies cardio et cérébrovasculaires, insuffisance cardiaque et embolie pulmonaire) a diminué en France durant la dernière décennie, elle reste plus élevée que la moyenne dans les régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Normandie ainsi que dans les DOM, et inférieure en région Rhône-Alpes, Île-de-France, Pays de la Loire et Midi-Pyrénées (BEH n° 26, septembre 2014). Les données soulignent l'importance du gradient nord-sud en ce qui concerne la coronaropathie, que ce soit pour l'incidence ou la mortalité des événements coronaires. Ces inégalités seraient liées aux différences régionales dans la prévalence des facteurs de risque mais aussi dans les niveaux socio-économiques.
Selon l'InVS, les accidents coronariens et les AVC sont moins fréquents chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures et intermédiaires que chez les employés et les ouvriers ; or c'est chez ces derniers que la mortalité a le moins diminué. On sait que la sédentarité, le déséquilibre alimentaire, le surpoids et l'obésité sont d'autant plus présents que le niveau d'études est bas, et cette inégalité commence dès l'enfance. Ces personnes non seulement cumulent les facteurs de risque classiques mais sont aussi plus exposées de par leur habitat à la pollution atmosphérique, qu'on sait maintenant nettement impliquée dans l'augmentation de la morbi-mortalité CV.
L'InVS déplore que les déterminants socio-professionnels ne soient pas pris en compte dans les facteurs de risques, alors qu'on connaît leur rôle depuis l'étude Interheart de 2004 selon laquelle un tiers des infarctus du myocarde pourrait leur être attribué. Les éléments psychosociaux interviennent sur les facteurs comportementaux mais aussi, de façon plus directe, par le type de travail, l'exposition au froid, au chaud, au bruit, à des produits à toxicité cardiaque ainsi qu'à des horaires décalés qui majorent la morbi-mortalité.
L'infarctus toujours en retard chez la femme
Si la morbi-mortalité par cardiopathie ischémique a notablement baissé depuis 20 ans, le registre français FAST-MI attire l'attention sur l'augmentation significative du nombre de femmes victime d'un SCA avant 60 ans avec un profil caractérisé par le tabagisme et l'obésité. La mortalité après SCA reste aussi plus élevée chez les femmes, vraisemblablement du fait d'un retard au diagnostic, la symptomatologie étant plus atypique chez les femmes. Dans FAST-MI, le Pr Étienne Puymirat (HEGP) soulignait que lors d'un SCA, les femmes bénéficient moins souvent d'une coronarographie (OR=0,66) alors que le recours aux stratégies invasives est significativement corrélé à une baisse de la mortalité à 5 ans.
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